Cet article examine les défis auxquels sont confrontés les migrants haïtiens en République dominicaine en ce qui concerne l’urgence linguistique et l’intégration sociale. Il décrit comment l’histoire conflictuelle entre Haïti et la République dominicaine, qui partagent la même ile, continue d’influencer la communication entre leurs citoyens, entrainant une distorsion systémique des relations intersubjectives. L’article expose les prédiscours sur lesquels repose l’idéologie anti‑haïtienne (Sagas, 1994) qui nourrit l’imaginaire dominicain, un imaginaire où la culture hispanique est valorisée au détriment de l’identité afro‑haïtienne. Utilisant une approche qualitative et s’appuyant sur la théorie critique (Habermas, 1981 ; Honneth, 1992 ; Fraser, 2004), il aborde les problèmes de reconnaissance intersubjective observés sur le terrain et la politique d’intégration des migrants haïtiens par la République dominicaine. Les analyses révèlent la vulnérabilité institutionnelle des migrants haïtiens face à la biopolitique de la législation officielle (Martínez & Wooding, 2017), qui, en utilisant les outils numériques pour renforcer le contrôle, prive non seulement les descendants d’Haïtiens de leur nationalité mais les confine également à une stagnation sociale, les maintenant à un niveau inférieur à celui de la classe moyenne dominicaine. Pendant ce temps, le droit coutumier continue de coloniser le « monde vécu » des Haïtiens. Cet article adopte une perspective pragmatique et propose des pistes d’action pour élaborer une didactique de la reconnaissance en rapport avec les débats actuels dans le domaine. Il présente une analyse partielle qui sera approfondie à la suite d’entretiens avec des citoyens dominicains.
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