Dans Le deuxième sexe, Beauvoir affirme que « la femme, comme l’homme, est son corps : mais [que] son corps est autre chose qu’elle ». Apparaît dans cette phrase, comme dans l’histoire de la phénoménologie, l’espace d’une déhiscence au sein du corps vécu. Être son corps n’impliquerait pas que le corps soit entièrement soi – et le corps vécu, dès lors, ne serait plus un corps propre. D’où la question que nous tâcherons ici de déployer : l’aliénation au sein du corps vécu n’est-elle pas la condition même de sa manifestation comme corps matériel ? Nous tâcherons, dans un premier temps, de remonter à la source du concept de « corps propre » (Leib) chez les postkantiens, afin de montrer que le corps n’apparaît comme « propre », dans l’histoire de la philosophie, qu’en disparaissant comme « corps ». Ce qui nous conduira, dans un second temps, à interroger la (ré-) apparition du corps dans Le deuxième sexe, et plus précisément dans la description que Beauvoir fait du cycle menstruel.
Beauvoir, in The Second Sex, claims that “woman is her body as man is his, but [that] her body is something other than her”. Arises in this sentence – as well as in the history of philosophy – a scission within the lived body. To be my body does not mean anymore that this body that I am is entirely mine— and the lived body is a corps propre. Hence the question that one will raise here : is this alienation within the lived body not the very condition of its manifestation as a material body? This article will first go back to the sources of the concept of “lived body” (Leib) in Post-Kantian philosophers, in order to claim that the body only appears as “mine”, in the history of philosophy, insofar as it disappears as “body”. This will lead us to question the (re)-apparition of the body in The Second Sex, and more precisely in Beauvoir’s description of the menstrual cycle.
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