Des usages de l’archéologie dans l’Extrême- Sud tunisien à l’époque coloniale

• Mabrouk Jebahi ^[1] ; François Pouillon ^[2]
  1. [1] Archives nationales, Tunis
  2. [2] EHESS
• Localización: Hesperis Tamuda, ISSN 0018-1005, Nº. 57, 2, 2022, págs. 243-278
• Idioma: francés
• Títulos paralelos:
  • Uses of Archeology in Colonial Southern Tunisia
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• Resumen
  • English

    It is common to say that the search for ruins in the Maghreb during the colonial period not only served to register the enterprise in a long imperial period, but also guided and argued an exploitation and a work of domination of the territories. In this respect, the example of the military territories of southern Tunisia could well serve to illustrate this thesis: the excavations there were carried out almost exclusively by posted soldiers who, not only would not have failed to see in these remains a guide for a farm, but also a foundation for the political administration of the region and the setting of a then vague border with Tripolitania. A careful examination of published scientific texts and the approaches of these men shows that they did not allow themselves to be locked into an instrumental use of archeology for economic or strategic ends. Not only do they know how to quickly see what in the traces of the past does not go in the expected direction but above all, on the basis of a solid classical culture, they quickly become professional, showing an autonomous archaeological competence. Finally, the agricultural exploitation of the region, the fixing of the border and the roads will be based on other more recent, more pressing knowledge of ethnology and geopolitics.

  • français

    Il est classique de dire que la recherche des ruines au Maghreb pendant la période coloniale n’a pas seulement servi à inscrire l’entreprise dans une longue durée impériale, elle a guidé et argumenté une exploitation et un travail de domination des territoires. À cet égard l’exemple des territoires militaires du Sud tunisien pourrait bien servir d’illustration à cette thèse: les fouilles y ont été conduites presque exclusivement par des militaires en postes qui, non seulement n’auraient pas manqué de voir dans ces vestiges un guide pour une exploitation agricole, mais aussi une assise pour l’administration politique de la région et la fixation d’une frontière encore floue avec la Tripolitaine. Un examen soigneux des textes scientifiques publiés et des démarches de ces hommes montre qu’ils ne se sont pas laissés enfermer dans un usage instrumental de l’archéologie à des fins économiques ou stratégiques. Non seulement ils savent vite voir ce qui dans les traces du passé ne va pas dans le sens espéré mais surtout, sur la base d’une culture classique solide, ils se professionnalisent rapidement montrant une compétence archéologique autonome. Finalement, l’exploitation agricole de la région, la fixation de la frontière et des routes s’appuieront sur d’autres connaissances plus récentes, plus pressantes aussi, de l’ethnologie et de la géopolitique.