Resumen de L’usage des ruines, de la coutume à la science: Rapports de force, rapports d’échange.

Bénédicte Lhoyer

• English

  The purpose of this paper is to retrace a history of the perception of ruins in Maghreb, relying on famous archaeological sites, from their abandonment to their rediscovery, their exploitation and then their transformation into archaeological heritage. By using the excavators’ archives, books, reports or letters, we have identified major phases of consideration: supports for legends and landmarks in the travellers’ landscape, living environment and transformation of the structures still visible, exploitation for building materials, quests for identity and justifications for colonization, and at last transformation into historical heritage and tourist economy. Our study shows that, first, the ruins are at the heart of a complex relational web where rivalries, cooperation, exchanges, science and violence can be exercised according to the forces involved. Secondly, that archaeological practice, under the guise of science, can become a weapon with multiple consequences

• français

  L’objectif de cet article est de retracer les principales étapes d’une histoire de la perception des ruines du Maghreb, et ce à partir de grands sites archéologiques (Volubilis et Chella (Maroc), Tipasa, Djamila et Timgad (Algérie), et Dougga, El-Jem et Carthage (Tunisie)). Celles-ci vont de l’abandon de la ville jusqu’à leur redécouverte, de leur exploitation puis de leur transformation en patrimoine archéologique. En s’appuyant sur des archives, carnets de fouilles, lettres des fouilleurs et de leurs publications, nous avons tenté de dégager de grandes phases de considération: supports de légendes et point de repères dans le paysage des voyageurs, cadre de vie des locaux et transformation des usages des bâtiments encore visibles, exploitation pour les matériaux puis les antiquités, enjeux pour une quête identitaire et une justification de colonisation, puis mutation en patrimoines historiques et lieux touristiques. Il ressort de notre étude que, premièrement, les ruines sont au cœur d’une toile relationnel complexe où rivalités, coopérations, échanges, science et violence s’exercent au gré des forces en présence. Deuxièmement, que la pratique archéologique, sous couvert de science, peut devenir une arme aux multiples conséquences.