Métamorphosant le réel en un ensemble de traces, Barbey d’Aurevilly opère dans ses romans un devenir-vestige du monde, qui suscite dans l’imagination de son lecteur une quête de ce qui toujours se dérobe à lui. On distinguera, parmi ces vestiges, ceux du sentiment perdu sur le plan individuel, ceux de la tradition perdue sur le plan de l’histoire, et ceux de la faute sur le plan du récit chrétien. On s’efforcera surtout de montrer que ces représentations du révolu, tour à tour psychologique, politique et métaphysique, sont sous-tendues par un univers sensible qui se manifeste par un feuilletage de vestiges. Corporels, par la ruine physique des personnages, ils sont aussi paysagers, en inscrivant la perte dans les territoires où ces personnages se meuvent, et ils appellent enfin des paroles médiatrices de la part de gardiens de la mémoire qui en suggèrent une interprétation voilée ou en font deviner le sens.
© 2001-2024 Fundación Dialnet · Todos los derechos reservados