Un quartier à soi: Demolició, le beau Raval de Virginie Manuel

• Sonia Kerfa ^[1]
  1. [1] Université Grenoble-Alpes
• Localización: Catalonia, ISSN-e 1760-6659, Nº. 24, 2019 (Ejemplar dedicado a: Entre Chino et Raval, représentations littéraires et filmiques des mutations d’un quartier de Barcelone), págs. 25-39
• Idioma: francés
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• Resumen
  • français

    À Barcelone, le sud du Raval, ex « Barrio Chino », est intrinsèquement lié dans l’imaginaire de la ville, au monde d’un lumpenprolétariat éternel, attaché à un quartier de tous les possibles, ouvert aussi bien au bourgeois canaille qu’au junkie. Le processus de gentrification, commencé à la fin des années 1990, a peu modifié les usages du Raval mais sa population, très modeste, en a été profondément affectée, son dessin urbanistique aussi. La démolition d’une partie de ce quartier a fait l’objet d’un court métrage en Super 8 réalisé par Virginie Manuel, architecte de formation et habitante d’un quartier dont elle a observé, en artiste, la métamorphose violente. La brutalité de la transformation l’a poussée à laisser une trace de cet événement qu’elle filmera pendant plus de deux ans (fin 1996-1999). Demolició rend compte de ce rapport esthétique et sensible à la ruine programmée et aux travailleurs du bâtiment que la caméra de la cinéaste transfigure. Porté par le « taconeo » audacieux de Carmen Amaya, ce film dit avec puissance l’entêtement d’un monde populaire qu’il ne faut pas laisser disparaître.

  • English

    The southern part of El Raval, former Barcelona’s Barrio Chino, is intrinsically linked, in the city's imagination, to the world of an eternal lumpenproletariat, bound to a district of infinite possibilities, open both to the bourgeois canaille and the junky. The gentrification process which began in the late 90's has changed little in the uses of El Raval but it's population, very modest, has been deeply affected, as well as the urban pattern. The demolition of part of this district is the subject of a super 8 short film directed by Virginie Manuel, trained as an architect and local resident of a district of which she has observed the violent metamorphosis, as an artist. The brutality of the transformation pushed her to leave a record of the event she will film during more than two years (end of 1996 - 1999). Demolició reports this aesthetic and emotional relationship with the programmed ruin and with the construction workers who are transfigured by the cineast's camera. Carmen Amaya's daring "taconeo" brings fierce power to the film, which tells the obstinacy of a popular world, the disappearance of which should not be allowed.