La profession d’historien est apparue en Europe au xixe siècle, en même temps que l’émergence de l’État-nation. Les historiens de la période moderne et contemporaine se sont surtout concentrés sur l’histoire politique des États-nations et l’histoire diplomatique des relations entre eux. Les aspects globaux de l’histoire européenne ont principalement été abordés sous l’angle de l’influence de l’Europe sur d’autres parties du monde, comme dans la « double révolution » d’Eric Hobsbawm (les répercussions mondiales de la Révolution française et de la révolution industrielle) ou l’histoire des possessions coloniales de l’Europe. Pourtant, de nombreux développements clefs dans l’Europe des xixe et xxe siècles, du libéralisme des révolutions latino-américaines des années 1820 aux retombées économiques de la culture du coton adossée à l’esclavage dans le Sud des États-Unis, furent manifestement sensibles aux influences mondiales. Les processus de globalisation de la fin du xxe siècle ont permis de les mettre en lumière et ont alimenté une approche qui place l’histoire de l’Europe dans un contexte global d’interaction mutuelle. Pourtant, l’État-nation n’est pas mort, et les gouvernements nationaux encouragent vigoureusement un retour aux histoires nationales au service d’une éducation patriotique. Si l’histoire globale n’est pas appelée à disparaître, sa place dans le système éducatif, en particulier dans les programmes scolaires, reste fortement contestée.
The historical profession emerged in Europe in the nineteenth century in tandem with the rise of the nation-state. Historians of the modern period in particular focused above all on the political history of nation-states and the diplomatic history of relations between them. Global aspects of European history were covered mainly in terms of Europe’s impact on other parts of the world, as in Hobsbawm’s “dual revolution” (the worldwide repercussions of the French Revolution and the Industrial Revolution), or the history of Europe’s colonial possessions overseas. And yet there were demonstrable global influences on many key developments in nineteenth- and twentieth-century Europe, from the liberalism of the Latin American revolutions of the 1820s to the economic impact of the cotton-growing slave economies of the American south. The globalization processes of the late twentieth century have brought these into sharper focus and powered an approach that places Europe’s history in a broader global context of mutual interaction. Yet the nation-state is not dead, and national governments are vigorously promoting a return to national histories in the service of patriotic education. Global history is here to stay, but its place in the educational system, particularly school curricula, remains heavily contested.
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