Nous proposons de discuter de la question de l’ambiguïté du langage du point de vue du modèle de la communication de Shannon et Weaver (1949). Nous soutenons que le langage n’est pas un système de communication ambigu car (1) tout signal linguistique, même ambigu, peut être décodé par un récepteur une fois contextualisé ; et (2) seuls les signaux linguistiques contextualisés forment un objet d’étude pertinent pour statuer sur la nature ambiguë du langage en tant que système de communication, car eux seuls caractérisent les signaux échangés en situation réelle de communication. Nous soutenons que le problème du langage est davantage qu’il n’est pas un système de communication efficace, en ce qu’il ne permet pas de s’assurer, au moment du décodage, que le message décodé par le récepteur est parfaitement identique au message encodé par l’émetteur. Nous proposons d’analyser cette inefficacité du langage à la lumière des différences structurelles existant entre les domaines contextuels utilisés par émetteurs et récepteurs pour encoder et décoder les messages transmis. Nous démontrons qu’en dépit de ces différences, les agents possèdent une compétence particulière à faire sens des signaux linguistiques auxquels ils sont exposés, c’est-à-dire à enrichir chaque signal linguistique d’un contexte non-linguistique permettant son décodage. Nous proposons de formaliser cette compétence comme fonction de réponse à un stimulus linguistique d’une intelligence artificielle. Nous démontrons qu’une telle formalisation permet de caractériser l’intelligence comme un processus de composition de concepts, où chaque concept peut être modélisé comme une combinaison linéaire d’un nombre fixe de concepts dits primitifs.
Nous concluons sur les connexions théoriques possibles entre notre formalisation et les travaux sur l’évolution du langage vue comme un mécanisme d’externalisation de la pensée (Reboul, 2017).
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