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Resumen de De l’auto-emploi à la coopération: le cas des coopératives d’activité et d’emploi

Catherine Bodet

  • Les coopératives d’activités et d’emploi ont été créées en réponse au contexte de dégradation du rapport salarial, caractérisé par une atomisation de la relation de travail, et en réaction à l'appel des pouvoirs publics français incitant les chômeurs à créer des entreprises. Ces entreprises coopératives partagées, ou mutuelles de travail, salarient les personnes souhaitant créer leur emploi dans un cadre collectif plutôt que de créer leur micro ou une auto-entreprise. A partir de l'exemple de Coopaname, coopérative francilienne, nous tentons de montrer les ressorts sociopolitiques et économiques qui poussent ces "entrepreneurs-salariés" à coopérer et à finalement se cultiver un patrimoine immatériel collectif basé sur de la confiance, de reconnaissance, de la création de droits, etc. et source de renforcement des individus et de leur potentiel de créativité et d'innovation.

    La remise en cause du compromis fordien, voire la financiarisation du rapport salarial caractérisée par Michel Aglietta et Antoine Rebérioux (2004), éclairent une tendance forte à l'atomisation des relations salariales, marquée par le pouvoir actionnarial. Alors que le compromis fordien s'articulait essentiellement autour d'une stabilisation d'un rapport salarial considéré généralement comme favorable aux conditions d'emploi avec notamment une progression des rémunérations, et de ce fait une forme de promotion sociale du salariat, la période contemporaine a remis en cause assez brutalement les statuts qui protégeaient le salariat fordien. Elle est marquée par une financiarisation du rapport salarial, que l'on peut définir comme un durcissement du rapport capital / travail dans lequel toute une série d'innovation financière ont permis la restauration du "pouvoir de l'actionnaire".

    Gouvernance actionnariale et individualisation du rapport au travail se conjuguent pour fragiliser les travailleurs. Les réponses collectives élaborées au XIXe siècle, les syndicats, la protection sociale liée au salariat, ne sont plus adaptées au contexte, ne sont plus à même de protéger des personnes qui sortent du cadre du salariat continu1, caractérisé par un CDI, là plein temps et non entrecoupé de périodes de chômage, par opposition au salariat discontinue ou intermittent, caractérisé par une alternance de périodes de CDD, de chômage d'intérim…. La difficulté pour élaborer de nouvelles protections réside dans la possibilité même du collectif, du rassemblement autour d'intérêts communs, battue en brèche par l'atomisation du travail, caractérisée par une individualisation du salaire, des carrières et de l'organisation du travail.

    La dérégulation du marché du travail, qui trouve son aboutissement dans l'externalisation de celui-ci hors de l'entreprise affaiblit le salariat continu, qui est de moins en moins la norme de référence, alors que dans le même temps, sont valorisés (du moins dans les discours publics) le travail autonome hors salariat : indépendants, micro-entrepreneurs, auto-entrepreneurs...

    En réaction à ce contexte, la dynamique des coopératives d'activités et d'emploi (CAE), en agrégeant des projets individuels au sein d'une entreprise partagée, vise à restaurer la possibilité d'inventer un agir collectif social, économique et politique, tout en permettant aux personnes d'accéder à une autonomie professionnelle. La présente communication a pour objet de partager leurs pratiques, en ce qu'elles construisent, à notre sens, un rapport au travail renouvelé, visant tant à la sécurisation qu'à l'émancipation des personnes. Notre analyse repose sur le cas particulier de Coopaname, qui réunit aujourd'hui en Ile-de-France plus de 400 activités économiques : première des CAE, tant en chiffre d'affaire, qu'en nombre de salariés, elle se définit comme un projet de « mutuelle de travail ». Elle s’inscrit dans la démarche de recherche-action empruntée par des acteurs de cette coopérative, qui mènent un nécessaire travail de distanciation et de questionnement de leurs propres pratiques. Elle revendique ce cadre épistémologique en tant qu’il caractérise la production de connaissances en économie sociale, au sein de groupements de personnes.

    Nous commencerons par décrire ce modèle original de coopérative, à l'aune des transformations récentes du rapport au travail des sociétés contemporaines. Audelà de cet exposé, interroger les limites du modèle, son potentiel, ses paradoxes, nous paraît fécond pour soulever des questionnements et tracer des perspectives.


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