Arnaud Frauenfelder, Géraldine Bugnon, Armelle Weil
Cet article propose une analyse des carrières pénales juvéniles « par le bas », en articulant la perspective analytique que mobilise Aaron Cicourel dans son enquête pionnière avec des emprunts théoriques issus d’autres rives sociologiques. Alors que les recherches portant sur l’expérience juvénile de la justice pénale montrent que les trajectoires des jeunes s’inscrivent souvent dans de complexes allers-retours entre la légalité et l’illégalité, cet article révèle plus généralement qu’il est capital de donner à voir l’influence déterminante d’un monde social au-delà de l’institution de la justice et de combiner échelle d’observation in situ à un niveau d’analyse macro tant diachroniquement que synchroniquement. En documentant deux cas, cet article met en lumière les ressorts structurels objectifs et subjectifs impliqués dans l’expérience juvénile du traitement pénal et interroge en retour les effets de celui-ci sur la situation des jeunes. Par là, cet article vise à montrer combien la sociologie cicourelienne – par le soin conféré à l’analyse des « attentes d’arrière-plan » – permet de dresser des ponts entre des traditions théoriques présentées parfois comme antagonistes tout en mettant les chercheur∙e∙s travaillant sur la justice pénale et l’expérience de ses publics sur une piste intellectuellement fort stimulante.
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