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Resumen de La mondialisation de la Révolution française (vers 1930-1960): Origines et éclipse d’un paradigme historiographique

Tom Stammers

  • English

    This article sketches an alternative narrative for the origins of global historiography on the French Revolution. It argues that the thesis of an “Atlantic Revolution” put forward by Robert Palmer and Jacques Godechot in the 1950s in fact grew out of debates in interwar France. French historians first took a “global turn” with the establishment of the Institut International de l’Histoire de la Révolution Française (IIHRF) in 1936. Its founding members, Philippe Sagnac and Boris Mirkine-Guétzevitch, were committed to making revolutionary historiography an instrument for promoting internationalism in an age of immense diplomatic insecurity. The IIHRF was pioneering for the geographical range, interdisciplinary focus, and extended chronology it brought to studying the French Revolution. It was also, however, profoundly marked by French geopolitical interests and deep-rooted assumptions of cultural superiority connected to the study of “civilization.” The closure of the IIHRF after the Nazi occupation, and its relocation to New York, inaugurated an intriguing new chapter in Franco-American intellectual exchanges. In the wake of the war, however, the diplomatic value of the IIHRF was redundant and its intellectual agenda eclipsed by the rise of alternative ways of conceiving of international history, as well as the challenge of decolonization. The evolution and ultimate failure of the IIHRF raise intriguing questions about the changing significance of 1789 as a political landmark, the different methodologies of “international,” “Atlantic,” and “world” history, and the reshaping of research paradigms at the dawn of the Cold War.

  • français

    Cet article entend proposer une nouvelle lecture des origines de l’historiographie mondiale de la Révolution française. De fait, alors que la thèse de Robert Palmer et de Jacques Godechot situe la « révolution transatlantique » dans les années 1950, ce changement de paradigme fut en réalité préparé par les débats qui avaient animé la France de l’entre-deux-guerres. Les historiens français ont commencé à prendre ce « tournant global » en 1936, l’année de la création de l’Institut international d’histoire de la Révolution française (Iihrf). L’objectif de ses membres fondateurs, Philippe Sagnac et Boris Mirkine-Guetzévitch, était de faire de l’historiographie de 1789 un instrument qui permette de développer les relations internationales dans une période de grande fragilité diplomatique. L’Iihrf joua un rôle de précurseur dans l’étude de la Révolution en vertu de sa dimension interdisciplinaire et de l’étendue géographique et chronologique de ses travaux. Cela dit, l’Institut demeurait profondément lié aux intérêts géopolitiques français et à l’idée d’une supériorité culturelle, elle-même indissociable du concept de « civilisation ». Fermé à cause de l’Occupation, l’Iihrf déménagea à New York, inaugurant un chapitre particulièrement remarquable des échanges intellectuels franco-américains. Après la guerre, non seulement l’institution n’avait plus de raison d’être diplomatique, mais son projet intellectuel fut très vite éclipsé par le défi de la décolonisation et par la montée en force de nouvelles approches de l’histoire mondiale. L’évolution et la disparition finale de l’Iihrf soulèvent des questions intéressantes sur trois points, qui traverseront de part en part cet article : le sens de 1789 en tant que repère politique ; les différentes méthodologies des histoires « internationale », « mondiale » et « atlantique » ; la reconfiguration des paradigmes de la recherche historique à l’aube de la guerre froide.


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