Le Conte de Floire et Blancheflor, composé vers le milieu du xiie siècle, raconte une histoire d’amour contrarié de deux jeunes amoureux, l’un sarrasin, l’autre chrétienne, qui, malgré leur appartenance à des groupes ethniques, culturels et religieux distincts, parviennent à la fin à réaliser leur rêve d’amour. Ce parcours idyllique de dépassement de la différence et de composition du conflit montre qu’une composition avec l’altérité peut se fonder sur l’acceptation et la construction de relations exogamiques. Si dans la chanson de geste l’interaction avec un monde différent, rival ou antagoniste, est conflictuelle, dans le récit idyllique médiéval prévaut une modalité contractuelle qui aboutit à cette forme archétypique de réciprocité et d’échange qu’est le mariage. Dans les réécritures tardives du Conte, marquées par une réorientation épique du récit idyllique originaire, la solution idyllique demeure, mais désormais enclavée dans un récit de conversion.
© 2001-2024 Fundación Dialnet · Todos los derechos reservados