On sait qu’Euripide peut inventer des versions inédites pour les légendes dont il traite dans ses tragédies. Toutefois l’inversion de l’ordre traditionnel folie/travaux – l’une des trois innovations majeures que la critique lui attribue dans l’Héraclès – est d’abord à comprendre de façon interne. L’objectif de l’article est de montrer une autre forme de polyphonie. En s’intéressant au détail du texte, on voit que le poète juxtapose et accumule, dans cette tragédie, certaines des variantes du mythe, et qu’il construit par ce moyen la signification de l’ensemble. Prenant l’exemple du traitement de l’épisode du lion de Némée dans l’Héraclès, on repère que cet épisode emblématique est réinterprété de manière différente selon les personnages qui s’y réfèrent ou selon les moments du drame, toujours avec une validité équivalente. En mettant en parallèle le traitement d’un même épisode, celui des juments de Diomède, dans l’Héraclès et dans l’Alceste, on parvient à saisir la manière dont la créativité du poète joue à en concentrer ou à en dilater les éléments en fonction de la nécessité théâtrale spécifique à chacune des tragédies.
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