Sébastien Dalgalarrondo, Tristan Fournier
La promesse d’optimisation de soi a colonisé notre quotidien. Les individus sont désormais enjoints d’optimiser leur corps, leur alimentation, leur sexualité, leur sommeil, leurs performances physiologiques et cognitives, leur vie biologique et sociale. Cette injonction à la maximisation a ces dernières années investi les discours marketing, les programmes de santé publique, les manuels de développement personnel ou encore les théories du bien vieillir. La pensée transhumaniste, et son propos hyperbolique sur le nécessaire dépassement de la nature humaine, apparaît comme l’un des principaux foyers d’élaboration et de diffusion d’une morale de l’optimisation. Son discours s’appuie sur la prémisse d’une sous-optimalité du processus d’évolution biologique pour légitimer la recherche et la mise en œuvre de nouvelles optimalités susceptibles d’assurer l’adaptation des êtres humains à leur environnement. Nous serions contraints d’optimiser la vie pour pouvoir survivre. Le concept d’optimisation se voit ainsi naturalisé comme un processus continu de l’évolution humaine. Cette conception du corps perfectible [Dévédec, 2015] envisagé sous la forme du handicap et du dysfonctionnel [Katz et Marshall, 2004] renforce et rejoint la représentation contemporaine du « corps-projet » [Shilling, (1993) 2012]. La normalité de l’expérience quotidienne d’un corps « sain » serait ainsi à construire par un ensemble d’activités d’auto-surveillance, d’autocontrôle et d’optimisation de soi.
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