Resumen de Turbidité, indicateur du fonctionnement perturbé du géosystème karstique de l’Atlas de Beni Mellal: (Moyen Atlas méridional, Maroc)
Abdellatif Hafid, Yahia El Khalki
La turbidité des eaux des sources karstiques est un phénomène général des montagnes calcaires méditerranéennes anthropisées. Mais on constate, dans l’état actuel de nos connaissances, qu’elle est peu étudiée. Par ailleurs, elle représente un indicateur pertinent du dysfonctionnement des géosystèmes karstiques qui ont subi une forte pression anthropique.Cet article a pour objectif de déterminer, via la turbidité, l’importance de la perturbation de ce système karstique sous influence anthropique. Et de montrer ainsi le rôle joué par le karst de surface, par le climat et par l’homme dans l’aggravation de la turbidité. Car Aïn Asserdoune représente non seulement, la source qui assure l’alimentation en eau potable de la ville de Beni Mellal, mais un des sites touristiques les plus fréquentés de la région. La source de Aïn Asserdoune, exutoire principal de l’aquifère liasique, se caractérise par des eaux troubles. Après des périodes sèches suivies d’orages brutaux, la turbidité des eaux peut dépasser 2000 JTU (unité de turbidité Jackson). Trois facteurs se combinent pour favoriser la turbidité des eaux : 1) Le climat : Les pluies orageuses d’automne, qui suivent une longue saison aride estivale, tombent sur des sols secs et mal protégés par la végétation. Elles provoquent une importante mobilisation de particules fines qui s’infiltrent dans l’épikarst. 2) La structure interne du karst : le cheminement des eaux turbides vers l’exutoire principal du système karstique est facilité par l’existence de drains développés et hiérarchisés. traçages ont montré que le temps de transit des eaux était compris entre 24 et 72 heures. 3) L’impact anthropique : La modernisation agricole de la plaine du Tadla (140 000 ha irrigués) s’est accompagnée d’une forte pression sur les ressources forestières de l’Atlas de Beni Mellal. Les défrichements ont entraîné l’accentuation de l’érosion des sols qui a conduit à l’exhumation des lapiés couverts. Le dysfonctionnement du géosystème karstique se traduit en outre par l’arrêt des phénomènes de travertinisation à l’aval des sources.
