In different manners, Peter and Paul are presented in the New Testament as “chained apostles”. Even if many details are missing, both of them were for sure prisoners in Rome, then executed at the end of Nero’s reign. Their images as prisoners were respectively and progressively being formed from the thirties, to be fixed up in the Book of Acts, around 80. During those 50 years, their experience of that situation and their representation of it were transmitted to the disciples, either by themselves (Paul) or by the authors of the New Testament (Peter). The case of Peter, following the Lucanian version (Lc-Ac), is rather simple, at least apparently. Jesus having given him the “power of the keys” and that of fishing men in his fillets, Peter also promised he would follow him up to prison and death – in vain, as was proved by his denial. In Acts, he comes to be imprisoned three times, the last one by king Herod Agrippa, and freed by a divine intervention, his chains falling from his hands by themselves (automat-), in a somewhat Dionysiac way. As for Paul, from the short letter to Philemon to the second Epistle to Timothy, through Philippians and probably Colossians, he experimented and developed a radically new and paradoxical conception of chains as allowing a straight relationship with Jesus Christ, releasing a capacity for parrhesia (freedom to announce the “Good News”, whatever the conditions and risks), and providing unity inside the first Christian communities he had in charge. Exalted by Paul in his letters as well as in Hebrews and in the pseudepigraphical but “Paulinian” Letter to the Ephesians, and even in some passages of Acts, those chains, as Peter’s ones, were to become, during the following centuries, a sacred symbol, at once, of the humility and power of the two main apostles. This complex net of realities and symbols organized around a large and flexible notion of binding, fastening, linking… is to be understood on a rich and general ancient background, running from Ulysses to Plato, to Dionysos and to the Roman concept of religio.
De différentes manières, Pierre et Paul sont présentés dans le Nouveau Testament comme des « apôtres enchaînés ». Ce qui est sûr, c’est que, même si bien des détails nous échappent, tous deux ont été finalement mis en prison puis exécutés à Rome vers la fin du règne de Néron. Leur image comme prisonniers s’est formée progressivement et respectivement à partir des années 30, pour se fixer dans les Actes des Apôtres, vers 80. Pendant ces 50 ans, leur expérience de cette situation et la représentation qu’ils s’en sont fait ont été transmises aux disciples, soit par eux-mêmes (Paul), soit grâce aux auteurs du Nouveau Testament. Le cas de Pierre, si l’on suit la version qu’en donne Luc dans son évangile et dans les Actes, est assez simple, au moins en apparence. Jésus lui ayant donné le « pouvoir des clefs » et celui de pêcher des hommes dans ses filets, Pierre promit également de le suivre jusqu’à la prison et à la mort – vaine promesse, comme allait le prouver son reniement. Dans les Actes, il est emprisonné à trois reprises, la dernière par le roi Hérode Agrippa, et libéré par une intervention divine, ses chaînes tombant d’elles-mêmes de ses mains (automat-), un peu à la manière dionysiaque. En ce qui concerne Paul, depuis le billet à Philémon jusqu’à la seconde épître à Timothée, en passant par Philippiens et sans doute par Colossiens, il a expérimenté et développé une conception radicalement nouvelle et paradoxale des chaînes comme permettant une relation étroite avec Jésus-Christ, libérant une forte capacité de parrhèsia (liberté d’annoncer la « Bonne Nouvelle », quels que soient les conditions et les risques) et faisant naître l’unité dans les communautés chrétiennes dont il avait la charge. Exaltées par Paul dans ses lettres aussi bien que dans l’épître aux Hébreux et dans la lettre aux Ephésiens, pseudépigraphe mais d’esprit paulinien, et même dans certains passages des Actes, ces chaînes, comme celles de Pierre, allaient devenir, dans les siècles suivants, un symbole sacré tout à la fois de l’humilité et du pouvoir des deux grands apôtres. Ce réseau complexe de réalités et de symboles organisé autour d’une notion vaste et flexible de l’attache, de la fixation, du lien, doit se comprendre sur un arrière-plan antique très riche et très général, qui va d’Ulysse à Platon, à Dionysos et à l’idée romaine de religio
© 2001-2024 Fundación Dialnet · Todos los derechos reservados