Dans les dernières années de son règne, même après ses brillantes victoires de 1449-1453, acquises grâce à la création d’une véritable armée nouvelle, Charles VII était loin d’être dépourvu de sujets d’inquiétude. À l’intérieur, la soumission des grands n’avait rien d’évident et surtout, à l’extérieur, la puissance bourguignonne ne cessait de se renforcer tandis que la royauté anglaise n’était pas résignée à sa défaite. Il fallait donc au roi de France renforcer ses alliances ou en créer de nouvelles. En 1455, il se tourna vers le roi de Danemark Christian Ier et, à fin, envoya en mission un chevaucheur de l’écurie pour préparer un futur traité d’entraide et d’amitié. À son retour, ce chevaucheur, nommé Jaspar, fit son rapport et en profita pour évoquer son séjour à Lubeck puis à Liège. Ce rapport, jusque là inédit, offre un panorama succinct mais perspicace de la situation de la chrétienté. En particulier, il évoque le projet d’union entre Madeleine, l’une des filles de Charles VII, et Ladislas le Posthume (Lancelot), roi de Bohême et de Hongrie : une éventualité qui ne pouvait que déplaire au duc de Bourgogne Philippe le Bon en raison de la querelle qui les opposait au sujet du duché de Luxembourg. Autre avantage pour le roi Lancelot : si le mariage se faisait, la lutte contre le Turc s’en trouverait renforcée. Au cours de son périple, le chevaucheur Jaspar avait été en mesure de saisir sur place les amitiés et les inimitiés, voire les systèmes d’alliances qui divisaient alors l’Europe.
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