Faisant suite aux travaux de Michel Pastoureau sur les origines de l’héraldique, la présente étude propose une révision de la « phase d’apparition » des armoiries, principalement fondée sur un nouveau catalogue des plus anciens sceaux porteurs d’emblèmes héraldiques ou proto-héraldiques (présenté en 1re partie). Les données nouvelles invitent tout d’abord (2e partie) à réaffirmer l’existence d’un berceau septentrional de l’héraldique, localisable dans l’est de la Picardie (à partir des années 1110), puis également dans le sud de l’Angleterre (après 1130). Ce sont quelques grandes familles aristocratiques de ces deux régions d’Occident, alliées entre elles, qui ont lancé la mode au sein de la haute noblesse. Il apparaît ensuite (3e partie) que, dès l’origine, les armoiries ont revêtu la signification familiale qui sera celle du système héraldique classique. Autour des premiers emblèmes se sont ainsi développés des « groupes héraldiques » dont le réexamen dévoile une conception très ouverte de la parenté, mêlant lignage et parage, agnats et cognats. L’étude confirme enfin (4e partie) que l’invention des armoiries n’est pas une réponse à de nouveaux besoins militaires, mais un corollaire de l’essor des tournois en France du nord et en Angleterre. Elle participe comme ce dernier de l’émergence de la culture chevaleresque après 1100, en y insufflant toutefois l’élitisme de la haute aristocratie de souche carolingienne, soucieuse de se démarquer du tout-venant de la chevalerie. Un descriptif détaillé de dix-sept sceaux armoriés antérieurs à 1150 est proposé en annexe.
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