L’analyse des réécritures multiples inspirées par les personnages de Don Juan et de Faust permet de se plonger dans les mécanismes de construction d’un mythe : celui de l’individu moderne. D’origine populaire, rompant avec les modèles antiques qui ont alimenté la Renaissance, ces deux inquiétantes figures incarnent l’inquiétude baroque qui les porte au théâtre. En confrontation directe avec le divin – par soif d’un savoir absolu ou animé par un insatiable désir – elles s’imposent comme des repoussoirs d’une société fortement structurée par la religion chrétienne. Cette tension ne cessera de s’approfondir, à mesure que l’ego affirme sa toute-puissance cherchant à concilier en lui, et en lui seul, deux termes inconciliables : la totalité et l’infini. Les variations du récit, jusqu’à la modernité, rendent compte de cette damnation qui se fait de plus en plus intime… Avec elles, émergent un monologue torturé ou l’inanité d’une pure théâtralité.
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