Hǔtái, une sortie de l’insignifiance

• Autores: Alix Levain
• Localización: Techniques et culture, ISSN 0248-6016, Nº. 68, 2017, págs. 5-5
• Idioma: francés
• Títulos paralelos:
  • L’apparition des marées vertes en baie de Qingdao
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• Resumen
  • English

    Massive macro-algal blooms are a recent phenomenon in Northeast China. The 2008 summer bloom in Qingdao Bay (Shandong) was the biggest recorded in recent human history. Occurring during Beijing Olympic Games, it rapidly acceded to worldwide visibility. In the Shandong province, green tides thus immediately raised concerns about the country’s and the province’s public and international image, resulting in a highly symbolic, strategic and organised struggle against Ulva prolifera (hǔtái in Mandarin Chinese). This struggle first consists in collecting drifting and stranded algae ashore Qingdao Bay. But it also consists in building narratives about algae’s exponential growth and circulation through time and space, from the micro-world to the macro-one, to make the problem governable and its interpretations manageable. To dissect this emergence phase helps to understand contemporary relationships between globalisation of material and immaterial flows and environmental issues management.

    Based on an ethnographic inquiry completed in Shandong in 2011, this article shows the aporetic praxis of governing intractable environmental issues, founded on two social imperatives: externalising the blame, and reaffirming a technical ability to control biophysical processes. In such a context, the complexity of contemporary multi-scale environmental problems, informed by science, helps to circulate between dramatization of the figure of the victim and of human legitimacy to restore hierarchical socio-ecological order. This unprecedented case study on a major environmental issue opens new avenues for further comparative research. It also shows how much multi-species ethnography can thrive on sprawling and growing beings to capture globalisation dynamics.

  • français

    Les proliférations d'algues vertes, dans le Nord-Est de la Chine, sont un phénomène récent, qui s'est manifesté brutalement par un épisode de crise en 2008. Cette situation est associée d'emblée à l'enjeu de préservation d'une image de marque vis-à-vis des observateurs étrangers. Elle est à l'origine d'un traitement sur le mode de la mobilisation générale. Il s’agit, sur le plan matériel, de collecter des algues filamenteuses (hǔtái en mandarin) qui s'échouent en masse sur les côtes de la ville et aux alentours. Mais il s’agit aussi de construire un récit de cette sortie des eaux qui rende le problème gouvernable et ses interprétations maîtrisables. En quoi l’origine et le devenir de ces algues, qui circulent du micro-monde au macro-monde, se développent et se replient au gré de la rencontre entre des choix humains et des caprices climatiques, disent-ils quelque chose des rapports qu’entretiennent la mondialisation et la gestion des problèmes environnementaux ? Basé sur une enquête ethnographique menée sur les côtes de la province du Shandong en 2011, cet article montre la porosité et l’universalité des processus par lesquels les problèmes environnementaux intraitables sont rendus gouvernables, en conciliant l’impératif d’imputation d’une responsabilité de la pollution avec l’accentuation de la maîtrise technique des processus biophysiques. Dans ce contexte, la complexité des changements environnementaux contemporains apparaît comme une source d’acquisition de connaissances intellectuelles et pratiques de premier ordre : elle permet de circuler entre responsabilité humaine et causes naturelles, entre mobilisation de la figure victimaire et mise en scène d’un « pouvoir agir » restauré.

    L’étude du cas de hǔtái permet d’envisager des comparaisons nouvelles. Elle montre aussi l’intérêt de relier des phénomènes aux histoires et aux caractéristiques variées dans une perspective d’ethnographie multi-espèces, pour saisir la contribution des êtres de croissance aux dynamiques de globalisation.