L’historiographie, majoritairement française, du mouvement intellectuel qui a pris le nom de structuralismes’est construite sur un présupposé : celui de faire du structuralisme une pensée nationale, majoritairementfrançaise, ou du moins dans un espace linguistique francophone qui irait de Saussure à Barthes. Utilisantnotamment les outils de la sociologie de la connaissance, les idées fortes du structuralisme y sont en effetramenées à leur contexte social et géographique de production, de sorte qu’elles seraient marquées de manièreindélébile du sceau national. C’est ce présupposé de l’historiographie du structuralisme que le présent articleentend analyser, et ce à travers l’article fondateur de Ernst Cassirer, « Structuralism in the modern linguistics ».Ce que propose Ernst Cassirer, c’est en effet non pas de réduire le structuralisme à une « mode intellectuelle »française de la seconde moitié du XXème siècle, mais bien de montrer son intégration à l’intérieur du temps longde la tradition philosophique occidentale et des différentes configurations intellectuelles (morphologie de Goethe,biologie de Cuvier, etc.) qui présentent avec lui une parenté. C’est bien à la réinscription du structuralisme dansle monde intellectuel élargi de la philosophie et des sciences, hors des contraintes nationales et historiques, quenous sommes alors invités.
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