Réforme, reconquista, croisade. L'idée de reconquête dans la correspondance pontificale d'Alexandre II à Urbain II

• Autores: Jean Flori
• Localización: Cahiers de civilisation médiévale, ISSN 0007-9731, Vol. 40, Nº 160, 1997, págs. 317-335
• Idioma: francés
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• Resumen
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    The excellent publications of J. Riley-Smith and M. Bull have led the historians to reject the old thesis wich saw the reconquista in Spain and the crusade as the logical outcomes of the idea of holy war, and to emphasize, henceforth, the idea of pilgrimage. This paper intends to reconsider these conclusions, since the arguments put forward to negate the idea of holy war in pope Alexander II's mind are not entirely convincing. The semantic study of the terms used in Pope Gregory VII's letters shows clearly that, in his mind, christians are involved in a general conflict against the Devil. The fideles sancti Petri have to take part with their arms in this warfare against all the enemies of the Church, inside Christendom as outside. In Gregory's mind, this war is a holy one because performed under God's rule, in order to liberate the Church and restore justicia. Moreover is it true in the case of military forces against the Moslems, in Spain and especially in the Holy Land, for here the reconquest of the most eminent Christian lands and people is concerned. Pope Urban II, who inherits these ideas, expresses them only a little more precisely in his preaching of the crusade.

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    Les excellents travaux de J. Riley-Smith et M. Bull ont conduit la plupart des historiens à repousser la thèse ancienne qui faisait de la reconquista et de la croisade l'aboutissement de l'idée de guerre sainte, et à privilégier de façon radicale l'aspect pèlerinage. Le présent article tend à reconsidérer ces conclusions : en effet, les arguments avancés pour nier l'idée de guerre sainte dans la pensée pontificale dès Alexandre II ne sont pas sans faille. L'étude du vocabulaire employé par Grégoire VII dans sa correspondance démontre que dans son esprit les chrétiens sont engagés dans une lutte générale contre le Malin ; les fideles sancti Petri se doivent de mener par les armes ce combat contre tous les ennemis de l'Église, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la chrétienté. Pour Grégoire, cette guerre ne peut être que sainte puisqu'elle est accomplie selon les directives divines pour la libération de l'Église et le rétablissement de la justicia. C'est plus encore le cas des entreprises armées contre les musulmans en Espagne et surtout en Terre sainte puisqu'il s'agit alors de reconquête de terres et de populations éminemment chrétiennes. Urbain II, héritier de cette pensée, en exprime seulement l'aboutissement avec un peu plus de précision, dans sa prédication de croisade.