De l'histoire au mythe: la généalogie royale anglo-saxonne

• Autores: Huguette Taviani
• Localización: Cahiers de civilisation médiévale, ISSN 0007-9731, Vol. 36, Nº 144, 1993, págs. 355-373
• Idioma: francés
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    Myths concerning origin or fondation take on a ever growing role in the Historiae Gentium between the VIIth and the Xth centuries. Their introduction into a catalogue or a genealogy of princes played an important part in fixing them in a written form other than an historiographical one. Lists or genealogies of Anglo-Saxon kings constitute examplary evidence of this written tradition when they appear, either as a preface to, or integrated into a narratif text. Those transmitted by different versions of the Historiae Brittonum, the Anglo-Saxon Chronicle or the Gesta Alfredi fuse history and myth. They give these kings of the VIIIth and IXth centuries, and notably Alfred the Great, ancestors from the German pantheon ; they link them to heros of sagas, to patriarchs from before the Flood, and even to Christ himself. But the authors of these texts did not simply give a Christian veneer to an uninteresting list of obscur gods and heros. Genealogies with such material were incorporated to give greater coherence to the narration of the chronicler or annalist. Fixing epic stories mainly known through an oral tradition, they confered upon the kings to whom they were dedicated a complete cultural heritage, historical and mythic, pagan and biblical, a heritage which these kings were to preserve.

  • français

    Dans les historiae gentium, les mythes d'origine ou de fondation prennent une place grandissante entre le VIIe et le Xe s. En dehors de l'historiographie, il est une autre façon de fixer le mythe par écrit, celle de l'introduire dans un catalogue ou une généalogie de souverains. De ce point de vue, les listes de souverains et les généalogies royales anglo-saxonnes, lorsqu'elles sont intégrées à un texte narratif ou encore lui servent de préface, sont exemplaires. Celles que nous transmettent les différentes versions de l'Historia Brittonum, de la Chronique anglo-saxonne, ou encore les Gesta Alfredi d'Asser, reliant l'histoire au mythe, donnent aux souverains des VIIIe et IXe s., et notamment à Alfred le Grand, des ancêtres issus du panthéon germanique auxquels viennent s'ajouter les héros de sagas connues très tôt par la tradition orale, et finalement les patriarches d'avant le Déluge, et le Christ. Ce faisant, les rédacteurs ne se sont pas bornés, comme il a été dit, à apporter un vernis chrétien à une énumération, jugée souvent sans intérêt, de dieux et de héros obscurs. La généalogie ainsi construite contribue à rendre cohérente la narration du chroniqueur ou de l'annaliste, elle sert à mémoriser les récits épiques connus par la tradition orale, elle confère au souverain auquel elle est dédiée un héritage culturel entier, historique et mythique, païen et biblique, qu'il a pour mission de préserver.