According to some, the first part of the Last Glacial Maximum (LGM: 23-19 ky cal. BP) in the Pyrenees appears to be a singular moment when the cultural trajectory of hunter-gatherer groups diverged from the frameworks defined further north. Similar to the Upper Solutrean of the Vasco-Cantabrian area with which it shares several typo-technological specificities (e. g. concave-base points, Cantabrian-type shouldered points), the Solutrean of the Pyrenees would thus continue into the heart of the LGM (circa 21 ky cal. BP), parallel to the development of the Badegoulian traditions in the adjacent areas. The current scarcity or absence of Badegoulian sites throughout the Pyrenees fits well with this establishing of a cultural geography on the scale of South-Western France. However, the radiometric data used to support this model are currently questioned, while the age of the excavations on the LGM Pyrenees sequences and the impact of geomorphological processes on their degree of conservation can cause a skewed vision of this phenomenon. A collective and interdisciplinary reassessment of several key sites taking into account these biases was undertaken as part of the “SaM” project to discuss the reality of this palaeogeographical hypothesis on a new and firm basis.
In the wake of the recent work undertaken on Grotte des Scilles (Lespugue, Haute-Garonne) providing the first evidence of Lower Magdalenian settlement in the Pyrenees (second part of the LGM; circa 19.5 ky cal. BP), our research focused on the gorges of the Save. This canyon, carved in the limestone of the Pre-Pyrenees, has recorded a long-term and continuous human occupation thanks to several sequences from caves and rockshelters. In this rich Palaeolithic environment, Abri des Harpons (Lespugue, Haute-Garonne), excavated by R. de Saint-Périer from 1912 to 1930, attracted our attention. Besides layers from the historical periods, it reveals one of the longest Upper Palaeolithic sequences, comprised at least between the Early Solutrean and the Azilian. In the early 2000s the Upper Solutrean industries and faunal remains from layer D were reassessed by two of us (P. F. and C. S. J.-F.) providing new data on the Pyrenean Solutrean but demonstrating at the same time the heterogeneity of the assemblage on typological and radiometric bases. However, while this heterogeneity was circumscribed on a Solutrean scale (from the early to the upper/final phases), the discovery of several “raclettes typiques” raised questions, in addition to 14C dates more or less compatible with a Badegoulian chronology. In 2012, these elements led us to set up a new reassessment project with the aim of 1) evaluating the existence of a Badegoulian component in layer D, 2) carrying out a technological analysis of the Solutrean component to complete the typological and lithological data previously acquired, 3) searching for technological evidence of these two technocomplexes in the osseous industries and 4) renewing the radiometric framework through direct dating of several characteristic antler and bone waste products.
This work allowed us to confirm and enlarge the heterogeneity of the layer D assemblage: the Solutrean remains are clearly associated with Magdalenian, Gravettian and indisputably Badegoulian elements. Although the existing conditions of the Saint-Périer collections are a brake on the precise characterization of this Badegoulian component, these results allow us to contradict the idea that the Pyrenees were a no man’s land for the Badegoulian groups. If the question of the early expressions of this cultural tradition (i. e. Early Badegoulian) cannot be addressed from the Abri des Harpons data, we are now at least able to confirm the frequentation of the Pyrenees by holders of Recent Badegoulian technology as was suggested at Enlène cave (Montesquieu-Avantès, Ariège) in the 1980s through another mixed assemblage. Based on the comparison of the new AMS 14C dates with the most reliable data available in south-western France, we finally propose an alternative archaeostratigraphic framework of the Pyrenean LGM occupations that restores the role of the Badegoulian in regional palaeohistory and demonstrates a significant aging of the end of the Upper Solutrean (circa 23 ky cal. BP). These encouraging results should be supplemented by further analysis and will ultimately allow discussion of the nature and rhythm of the French Solutreo-Badegoulian transition outside the area of the classical definition of these two cultural traditions.
En France, selon certains scénarios, la zone pyrénéenne apparaît au début du Dernier Maximum Glaciaire (DMG : 23-19 ka cal. BP) comme un espace singulier dont l’histoire culturelle diverge sensiblement des cadres définis plus au nord. Extension solutréenne du domaine vasco-cantabrique avec lequel elles partagent une même identité typo-technologique, les Pyrénées montreraient une perduration de cette tradition culturelle jusqu’au cœur du DMG (circa 21 ka cal. BP), ceci parallèlement au développement du Badegoulien dans les territoires voisins. La rareté, voire l’absence d’occupations badegouliennes sur l’ensemble de la chaîne pyrénéenne traduirait donc, pour certains préhistoriens, l’existence d’une géographie culturelle perceptible à l’échelle du Sud-Ouest français. Pourtant, alors que les données radiométriques sur lesquelles repose une partie de cet argumentaire sont aujourd’hui largement discutées, la grande ancienneté des fouilles menées sur les séquences pyrénéennes contemporaines du DMG ainsi que l’impact des processus géomorphologiques sur la conservation de ces séquences suggèrent l’existence de biais importants au sein de la documentation disponible. Tenant compte de ces biais et guidé par certains indices jusqu’alors peu exploités, plusieurs collections clés – à l’image de la couche D des Harpons (Lespugue, Haute-Garonne) – ont fait l’objet d’une révision collective et interdisciplinaire dans le cadre du projet « SaM ». Fouillé par R. de Saint-Périer entre 1912 et 1930, cet abri livre l’une des séquences les plus longues des gorges de la Save, comprise, a minima, entre le Solutréen et l’Azilien. Au début des années 2000, les industries de la couche D, alors rapportées au Solutréen supérieur par le fouilleur, firent l’objet d’une première réévaluation menée par deux d’entre nous (P. F. et C. S. J.-F.). Cette étude apporta de nouveaux éléments de caractérisation du Solutréen pyrénéen, tout en démontrant l’hétérogénéité de l’assemblage. Or, tandis que cette hétérogénéité restait circonscrite au Solutréen sensu-lato, la description de plusieurs « raclettes typiques », couplée à l’existence de mesures 14C SMA peu ou prou compatibles avec celles du Badegoulien nord-aquitain, ont motivé la mise en place d’un projet de réexamen des collections de la couche D des Harpons. Celui-ci avait pour objectifs de 1) confirmer la présence d’éléments badegouliens au sein de la série, 2) conduire une approche technologique de la composante solutréenne afin de compléter les données déjà acquises, 3) rechercher d’éventuels indices de chacun de ces technocomplexes au sein de l’équipement osseux et, sur cette base, 4) offrir un cadre radiométrique « raisonné » à partir de la datation directe de déchets techniques caractéristiques. Ce travail nous a permis de confirmer l’hétérogénéité de l’assemblage et d’en élargir l’étendue : aux vestiges solutréens se mêlent des éléments magdaléniens, gravettiens et, de manière aujourd’hui indiscutable, badegouliens. Si l’état des séries, triées à la fouille par R. de Saint-Périer, reste un frein à la caractérisation précise de cette composante post-solutréenne, nos travaux permettent de contredire l’idée que les Pyrénées constituaient un no man’s land badegoulien, du moins pour ses phases récentes. Soutenu par de nouvelles datations mises en lien avec les données les plus fiables disponibles pour le Sud-Ouest français, un cadre archéostratigraphique alternatif est proposé, vieillissant le terme des occupations solutréennes régionales. Ces premiers résultats, appelant des prolongements et compléments évidents, nous conduisent in fine à réinterroger, en France, la nature et le rythme de la transition solutréo-badegoulienne hors de la zone de définition classique de ces deux traditions culturelles.
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