Modalisation et narrativité dans les chansons d'Audefroi le Bâtard

• Autores: Dominique Armes
• Localización: Cahiers de civilisation médiévale, ISSN 0007-9731, Vol. 35, Nº 139, 1992, págs. 193-212
• Idioma: francés
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• Resumen
  • English

    The theory of narrativity developped by A. J. Greimas was applied to the chansons of Audefroi le Bâtard, using a computer glossary of the vocabulary of the chansons that provided the context of every word. The dominant role played by modal verbs indicates that the I-enunciator, which is a virtualized semiotic subject (i.e. endowed with wanting- and/or having-to do) of a base narrative program JOY, never becomes a competent subject (i.e. endowed with the actualizing modalities being-able and/or knowing), since the delegated sender Dame refuses to give her sanction to the instrumental narrative program SINGING (CHANT). Thus the underlying model of the chansons is a non-resolution scheme according to which the confrontation of two universes of values (immanent and transcendent) is neutralized, since the moment when the stake is assigned is indefinitely postponed. This neutral yet reassuring scheme might be considered homologous to the contemporaneous historico-cultural model during the XIIth century and the beginning of the XIIIth century, when local power in Arras was the object of bargaining between two major collective actants, with the result that a temporary static situation was attained in which neither actant was able to emerge victorious.

  • français

    À partir d'un relevé de vocabulaire par ordinateur faisant apparaître les contextes de chaque mot, la théorie de la narrativité élaborée par A. J. Greimas a été appliquée aux chansons d'Audefroi le Bâtard. Le rôle prépondérant des modaux fait apparaître que le je-énonciateur, sujet sémiotique virtuel (doué de vouloir- et/ou devoir-faire) d'un programme narratif JOIE, n'accède jamais au statut de sujet compétent (doué des modalités actualisantes : pouvoir- et/ou savoir-faire), puisque le destinateur délégué Dame refuse sa sanction sur le programme narratif d'usage CHANT. Les chansons présentent un schème d'irrésolution où l'affrontement de deux univers de valeurs (immanentes et transcendantes) est neutralisé, le moment de statuer sur l'enjeu étant indéfiniment repoussé. Ce schème neutre mais rassurant pourrait être homologue au modèle historico-culturel : le pouvoir local à Arras avait fait l'objet au cours du XIIe s. d'un véritable marchandage entre les deux grands actants collectifs ayant abouti à une situation temporairement figée où aucun des actants ne parvenait à l'emporter.