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La statue équestre de Limoges et le sacre de Charles l'Enfant. Contribution à l'étude de l'iconographie politique carolingienne

  • Autores: Tomasz H. Orlowski
  • Localización: Cahiers de civilisation médiévale, ISSN 0007-9731, Vol. 30, Nº 118, 1987, págs. 131-144
  • Idioma: francés
  • Enlaces
  • Resumen
    • English

      This contribution proposes a new point of view of one today destroyed monument of Limoges — known in the Middle Ages under the name "fontaine de Constantin" — and especially the equestrian statue surmounting it. The reconstructed spacial extention of the Roman civitas in Limoges shows that the fountain couldn't seem to be built prior to the Carolingian period, marked in Limoges by a spectacular development of a new quarter sheltering the martyrium of Saint Martial, which became a Benedictine abbey since 848. It is near this abbey that the fountain was built. Two essential considerations could be done: an investigation of the Carolingian facts justifying such chronology dealing with fountain and its horseman, also the proofs of its connection with the abbey. If the written sources of the ninth century give many examples of this type of fountain, so-called saliens, the elevation of carved horseman on its top is almost exceptional (can be compared with Theodoric's fountain in Aachen only) and refer it to the royal iconography, heiress of the Roman imperial equestrian statue expressed Adventus Augusti. This significance suggests an investigation of the marks of the royal tradition in Limoges and especially in the Saint-Martial's abbey. Indeed, the abbey — considered as the sepulchral church of the Aquitanian monarchs since the seventh century — became a sanctuary of the Kingdom of Aquitaine and symbol of its independence in the late eighth century. This fonction brought more into prominence under the Carolingian kings, who have tried many times to re-create the kingdom of Aquitaine in the shape of subjugated them vice-royalship ("Unterkönigtum"). The anointing of Charles the Child — king's Charles the Bald son — accomplished in Limoges at autumn 855, was the best example of this policy. It seems after all, that such political ideology has especially marked the Charles the Bald rule and aimed at sanction and legalizy the royal authority, questionable or illicitly usurpated — it was many times completed by erection of the royal equestrian monument.

    • français

      Le présent article propose un nouvel examen d'un monument de Limoges — aujourd'hui disparu et connu au moyen âge sous le nom de « fontaine de Constantin » — et tout particulièrement de la figure équestre qui l'a surmonté. Vu les données topographiques concernant la localisation de la civitas romaine à Limoges, la fontaine ne semble pas antérieure à l'époque carolingienne, marquée dans cette ville par un essor exceptionnel d'un nouveau quartier abritant le martyrium de saint Martial, devenu abbaye bénédictine en 848 : c'est précisément près d'elle que la fontaine était placée. Il nous faut donc d'une part rechercher les références carolingiennes nécessaires pour dater la fontaine et son cavalier, et d'autre part établir les preuves de leurs liens avec l'abbaye. Si les sources écrites du IXe s. fournissent d'autres exemples de ce type de fontaine, appelé saliens, le fait qu'elle soit surmontée d'une figure équestre reste presque unique (cf. uniquement la fontaine de Théodoric à Aix-la-Chapelle), et la rapproche de l'iconographie royale, héritière du monument impérial romain évoquant l'Adventus Augusti. C'est à partir de cette signification que nous cherchons à rétablir les traces d'une tradition royale à Limoges et notamment à l'abbaye Saint-Martial. Considérée comme église funéraire des monarques aquitains dès le VIIe s., l'abbaye devient, à la fin VIIIe s., un sanctuaire du royaume d'Aquitaine et le symbole de son indépendance. Cette fonction se trouve renforcée encore lors des tentatives successives des Carolingiens pour rétablir le royaume aquitain (sous leur forme préférée de la vice-royauté, « Unterkönigtum »), ceci trouvant son apogée dans le sacre à Limoges, en 855, du fils de Charles le Chauve, Charles l'Enfant. L'époque de Charles le Chauve fournit d'ailleurs d'autres exemples d'une telle idéologie politique qui vise à renforcer la prise de pouvoir, contestée ou usurpatoire, par un sacre qui la sanctionne et la légitime ; or cet acte est souvent commémoré par l'élévation d'une statue équestre.


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