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La légende des 150 000 décès tuberculeux par an

  • Autores: Arlette Mouret
  • Localización: Annales de démographie historique, ISSN 0066-2062, Nº 1, 1996 (Ejemplar dedicado a: Morbidité, mortalité, santé), págs. 61-84
  • Idioma: francés
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  • Resumen
    • English

      This article analyzes the stages by which it was concluded that there were 150,000 deaths from tuberculosis in France at the end of the nineteenth century. The calculations made by Brouardel are broken down and the inappropriate nature of some of his choices is pointed out. In addition to these oddities in calculation, the contemporary social and political factors warrant our attention. The estimation can also be explained by the growing fears regarding demographic and social perils. Did not tuberculosis and the falling birth rate jeopardize ail hope of taking revenge on Germany ? In fact, the "enemy" had decided to undertake a vast program for the construction of sanatoriums, thus tempting the French public health authorities to use the figures to mobilize the attention of the public and politicians. In the collective imagination, tuberculosis and its 1 50,000 fatalities replaced the great epidemic of the nineteenth century, cholera, whose most destructive appearance in 1854 killed precisely 150,000 persons. In spite of the more probable estimation from the statistical services (fewer than 100,000 deaths), this figure of 1 50,000 deaths from tuberculosis was revived in the period between the World Wars and again in the last decade by certain historians, which proves that it became engraved in memory. However, from the turn of the century, and especially between 1918 and 1940, the proponents of these numbers have admitted that they used them to influence opinion. Here we have an excellent example of a dual language : depending on where he was speaking, the same scientist of political authority could simply double the estimations of mortality from tuberculosis.

    • français

      Cet article analyse les étapes de la construction du nombre des 1 50 000 décès français par tuberculose à la fin du XIXe siècle. Les calculs effectués par Brouardel sont décomposés, le caractère abusif de certains de ses choix mis en évidence. Au-delà de ces étrangetés de calcul, ce sont les facteurs sociaux et politiques qui retiennent l'attention. L'estimation s'explique aussi par le contexte de montée des périls démographiques et sociaux dans lequel elle est produite ; la tuberculose et la dénatalité ne mettent-elles pas en péril tout espoir de revanche contre l'Allemagne ? En effet, cette dernière a décidé de réaliser un vaste programme de sanatoriums, si bien que les responsables de la santé publique français sont tentés de jouer des chiffres pour mieux mobiliser l'attention de l'opinion et des politiques. Dans l'imaginaire collectif, la tuberculose et ses 150 000 décès prend ainsi le relais de la grande épidémie du XIXe siècle, le choléra, et de sa plus violente manifestation, celle de 1854 qui a précisément emporté 150 000 personnes. En dépit des estimations plus vraisemblables des services statistiques (moins de 100 000 décès), ce chiffre de 150 000 décès tuberculeux est repris entre les deux guerres, puis au cours de la dernière décennie par certains historiens, preuve qu'il s'est imprimé dans les mémoires. Pourtant, dès le début du siècle, et surtout entre les deux guerres, les protagonistes avouaient qu'ils utilisaient ce chiffre à destination de l'opinion. Nous avons là un bel exemple de double langage, le même responsable scientifique et politique, suivant le lieu où il s'exprime, peut donner des estimations de la mortalité tuberculeuse qui varie du simple au double.


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