Il s’agit ici de reconsidérer des données concernant un procédé de fonte au sable filmé au Maroc il y a plus d’une dizaine d’années. Partant du double constat de la rareté des traces historiques laissées par cette technique et de sa relative rétivité à une analyse technologique classique en anthropologie filmique (en raison du constant changement d’état de ses deux principaux matériaux et de l’ambiguïté fonctionnelle des éléments de sa composition), ce texte propose d’envisager la fonte au sable comme le produit de transformations éminemment plastiques. Permettant de se libérer en partie de catégories ambigües, telles qu’outil, objet et matière, la plasticité invite à penser le processus technique comme étant le fruit de rencontres successives entre des corps plasmes et des corps plastes, des « êtres formés » et des « êtres formants ». Le processus de fabrication n’est dès lors plus envisagé comme l’expression de la transformation d’une matière, à l’état naturel, en objet, à l’état fabriqué, mais comme un processus permanent de prise/dation/destruction de formes. La réflexion en termes de plasticité se révèle particulièrement adaptée à la compréhension de la logique à l’œuvre durant ce processus marocain de fonte au sable, technique qui se caractérise par la cyclicité et l’instabilité catégorielle de ses composantes.
Plastic cycle of a Moroccan foundry.
The article reviews data on a process of sand casting that was filmed in Morocco more than ten years ago. It starts from the twin assertion that historical traces of sand casting are rare and that this technique does not lend itself easily to technological analysis which is commun in french visual anthropology (because of a constant change in state of its two principal materials and the functional ambiguity of some of its technical components). Sand casting is thus approached as the result of mainly plastic transformations. Since it allows to free oneself from ambiguous categories such as tool, object and matter, plasticity invites to consider the technical process as the product of successive encounters between “plasm” and “plast” bodies, between “formed beings” and “forming beings”. The process of production is then no longer conceived as the transformation of a material in its natural state into a constructed object, but as a permanent process of taking/giving/destroying forms. Thinking in terms of plasticity is particularly suited to understand the logics operating in this moroccan process of sand casting, a technique characterized by the cyclicality and categorial instability of its components.
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