Les dérogations contemporaines à l'organisation de l'école incitent à s'interroger sur ce qu¿elles expriment ou non d'une crise de la forme scolaire dans sa double fonction de créer des savoirs spécifiquement scolaires et de les mettre à disposition de la société. Cet article propose, à partir d'une présentation de deux recherches en cours sur des dispositifs dits innovants, un internat d'excellence et un micro-lycée, d'étudier leur manière de tisser des relations spécifiques entre des populations d'élèves et des attentes institutionnelles, tout en les inscrivant dans des contextes de plus ou moins grand empan spatial et temporel. Les deux structures étudiées ont en effet en commun, malgré la diversité des objectifs et des populations qu'elles accueillent, de faire des entorses à des aspects qui semblaient essentiels dans l'organisation de l'école républicaine. Les internats d'excellence reconnaissent et renforcent la non-homogénéité de l'espace scolaire pour permettre à des élèves à l'étroit dans leur milieu d'origine de s'y développer. Les micro-lycées s'installent dans des enclaves scolaires où ils acceptent des jeunes qui, ne se comportant pas toujours comme des élèves ordinaires, contraignent à infléchir des attentes classiques de la forme scolaire à laquelle on veut les réapprivoiser. Dans les deux cas il semble plus facile d'agir sur l'espace que sur le temps. Plus généralement ces deux innovations conduisent à revisiter une acception trop rigide de la forme scolaire qui ne permet pas toujours de comprendre de quoi on parle aujourd'hui quand on parle de l'école et de ses évolutions.
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