Il n’y a pas d’âge pour se poser des questions philosophiques et, très tôt, face à l’étonnement devant le monde, les enfants s’interrogent sur la vie, la mort et les relations humaines. L’enfant serait par excellence celui qui, selon l’expression de G. Deleuze, fait « l’idiot » et pose la question du pourquoi et de l’essence des choses en toute naïveté et intensité. La pratique de « la philosophie avec les enfants « se développe ainsi en Europe depuis une vingtaine d'années. Cette pratique répond au besoin de démocratisation d’une discipline jugée trop souvent comme hermétique et élitiste. Dans le même temps, la littérature de jeunesse semble avoir pris en compte ces interrogations métaphysiques. Les programmes de littérature à l‘école primaire insistent d’ailleurs sur cette dimension des œuvres et incitent à des débats réflexifs. C’est dans cette brèche que tous ceux qui souhaitent une initiation précoce à la philosophie ont pu s’engouffrer pour mettre en place des séances dans les classes. Le monde de l‘enfance pourrait ainsi être aujourd’hui le pont qui permettrait de réconcilier deux disciplines dont l’histoire s’est trop longtemps écrite sous les signes de la concurrence et de la méfiance réciproques. Elles pourraient ainsi retrouver leur alliance originelle : au-delà des formes spécifiques qu’elles entretiennent avec le langage, elles sont toutes les deux des discours qui visent à donner sens et intelligibilité à notre existence. Disciplines trop longtemps conflictuelles, la littérature et la philosophie ne trouveraient-elles pas ainsi une nouvelle complémentarité grâce au développement conjoint de leur didactique avec les enfants ?
© 2001-2024 Fundación Dialnet · Todos los derechos reservados