La manipulation rhétorique de l'Histoire est une constante dans l'oeuvre oratoire de Cicéron, mais dans la plupart des Philippiques cette utilisation est à la fois plus fréquente et soumise à des caractéristiques nouvelles par rapport aux discours antérieurs. L'Histoire apparaît d'abord pour Cicéron comme un recueil d'exempla ou de contre-exemples - qui n'a rien de très original. Le champ historique balayé par Cicéron couvre toute l'histoire de Rome, jusqu'aux événements les plus récents. Mais notre enquête exclut « l'histoire immédiate » et se polarise sur les périodes privilégiées par Cicéron : chute de la royauté, adfectationes regni, quelques grandes figures de la « République heureuse », les guerres puniques, la crise gracchienne, la guerre sociale, la guerre servile et le conflit Marius-Sylla. Ce qui fait la spécificité du discours cicéronien dans les Philippiques incriminées, c'est que, sur ces périodes, la distorsion qu'il impose aux faits historiques pour les faire servir à sa démonstration rhétorique est très grossière et va jusqu'au faux historique, au risque de « décridibiliser » son discours et d'obtenir un effet inverse à celui recherché. L'explication de ce phénomène étrange, lié à une modification sensible du style, se trouve sans doute dans l'étroitesse des délais de publication des Philippiques où il apparaît
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