L'Ambigu ou Variétés politiques et littéraires, publié à Londres par l'émigré royaliste français Jean-Gabriel Peltier fut, pendant la Guerre d'Indépendance, de Cadix à Saint-Pétersbourg, une source d'informations privilégiée pour tous les rédacteurs de périodiques qui voulurent réfuter la propagande propagée par Le Moniteur et le Journal de l'Empire. Mais avant d'être l'un des « plus illustres et intrépides défenseurs du trône et de l'autel », et d'encourager les Espagnols à défendre par l'insurrection les droits de Ferdinand VII, Peltier eut quelque mal à réagir face aux événements d'Aranjuez et de Bayonne qui marquèrent le début de la Révolution d'Espagne de 1808. Rédigeant, au fur et à mesure, sa chronique politique d'après les seules informations fournies par la presse impériale, accumulant un retard important dans la publication des numéros de L'Ambigu, Peltier se montra évidemment extrêmement critique envers Napoléon, l'accusant même de lâcheté. Il se montra en revanche moins sévère à l'égard du Prince de la Paix. Mais il ne ménagea ni Charles IV, ni surtout Ferdinand (« le Niais »), et ses conseillers (des « enfants » et des « ânes ») et condamna sans appel une insurrection populaire qui ne pouvait qu'aggraver le sort des Espagnols. Ce n'est qu'après le discours de Georges III à l'occasion de la clôture de la session parlementaire, le 4 juillet 1808, que, cessant de n'utiliser que les informations fournies par le Moniteur et publiant force documents diffusés à Londres dès le 10 juin par les députés de la Junte Générale des Asturies auprès du gouvernement britannique, il devint le chantre de la « sainte insurrection d'Espagne » et l'enthousiaste défenseur de Ferdinand Le Désiré. Au-delà des vacillations d'un journaliste pris au dépourvu par des événements imprévus, l'attitude de Peltier nous renseigne également sur celui de son maître, Louis XVIII, qui se considérait comme le « chef de la maison de Bourbon » et n'apprécia pas davantage que lui l'attitude du Prince des Asturies à Aranjuez et à Bayonne.
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