Laurence Buchholzer, Olivier Richard
Parmi les registres que les villes médiévales germaniques nous ont légués, les livres de serments (Eidbücher), qui collectent les serments des officiers, conseillers, bourgeois et employés de la ville, sont restés les parents pauvres de l'édition scientifique. Utilisés pour leurs informations normatives, ils ont rarement été étudiés en série, puisque pèse sur eux la réputation d'être stéréotypés et de pure forme. Il n'en demeure pas moins que les chancelleries urbaines ont souvent estimé nécessaire de produire plusieurs Eidbücher successifs. À l'échelle régionale, ce type de livre avait, qui plus est, fait école. Cet article se propose donc, de comparer, dans le temps (XVe-début XVIe s.) et dans l'espace (les villes du Rhin Supérieur) les serments répertoriés à l'usage des secrétaires municipaux, de leur substituts et des greffiers. Ces personnels s'avèrent être des acteurs majeurs des serments urbains, à la fois maîtres de cérémonie et gardiens de formules jurées. S'ils déclinent, dans leurs serments, des thématiques similaires, la comparaison systématique des textes révèle d'infinies variations dans les tournures. Celles-ci fournissent quelques indices sur la circulation des hommes et du savoir administratif entre villes.
Le recours généralisé au serment pose enfin la question du caractère contraignant ou non des engagements prononcés. Les relations parfois heurtées entre le Conseil et les secrétaires municipaux sont révélatrices de ce qui faisait l'efficacité du serment aux yeux de ses principaux protagonistes à la fin du Moyen Âge.
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