Il était une fois un pays lointain, ignoré des habitants du monde civilisé. Il portait le nom étrange d�Erewhon, anagramme de no-where , le « lieu de nulle part ». L�histoire raconte qu�un archéologue anglais le découvre mais qu�il est aussitôt emprisonné par la police locale. Son crime ? Il possède une montre en état de marche. Une montre, dans cette république imaginaire, c�est une machine, or tout ce qui de près ou de loin s�apparente à une machine � aujourd�hui on dirait un robot ou un smartphone � est strictement interdit en Erewhon, pays tout juste sorti d�une guerre entre les « Machinistes » et les « Anti-machinistes ». Les premiers sont sortis vainqueurs du conflit, repoussant du même coup la perspective d�une prise de pouvoir « par des machines que l�on savait devenir à terme plus intelligentes et plus impitoyables que les humains. » Inspiré du Gulliver de Swift et publié en 1872, le récit utopique de Samuel Butler redevient d�actualité avec l�entrée dans une phase nouvelle de la relation entre l�homme et la machine. Laissons aux philosophes le soin de méditer sur les conséquences de l�irruption des capteurs connectés dans tous les compartiments de la vie des choses et des corps. Le citoyen, le consommateur et l�entrepreneur ont des soucis plus immédiats. D�une part, améliorer leur apprentissage aux finesses de l�écosystème numérique. D�autre part, se prémunir contre la tentation à l�excès de pouvoir des nouveaux arbitres auto-proclamés de l�intermédiation.
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