Tunisie 17 décembre 2010-14 janvier 2011. Révolution annoncée ou révolution inattendue ? La même question pourrait être posée pour toutes les Révolutions. Derrière l�opposition entre l�annoncé et l�inattendu, se tient la question de la part des causalités et de celle de l�imprévisibilité, de la part du déterminisme et de celle de l�indéterminisme. Si, dans un premier temps le présent article rappelle comme autant de causes possibles de sa fin quelques failles du régime autoritaire tunisien, il montre que c�est à partir d�une cristallisation interactionniste d�une série d�évènements que le déclenchement d�une insurrection a abouti motu proprio à la chute du régime Ben Ali. S�appuyant essentiellement sur une sociologie des crises et des mouvements sociaux, l�article identifie quatre éléments d�une dramaturgie qui, chacun isolé dans sa sphère comme dans les crises qu�avait connues la Tunisie antérieurement, n�aurait pas eu une efficacité suffisante, mais qui, jetés ensemble dans le creuset de l�incertitude structurelle maximale où se trouvait alors le pays, ont débouché sur la révolution du 14 janvier 2011 : un fait divers transfiguré, une insurrection locale qui devait rester acéphale et devenir ubiquitaire, une spectacularisation en temps réel de celle-ci qu�à l�échelle du monde devait assurer opportunément une cyberdissidence nationale et une discorde au sommet de l�Etat dans l�appréciation et la conduite de la situation qui a abouti à l�implosion de la clé de voûte du régime, le premier cercle du pouvoir, et à l�enclenchement � ambigu - d�un processus de transition politique.
© 2001-2024 Fundación Dialnet · Todos los derechos reservados