Cet article se propose d'analyser les usages de la parole cultuelle chez plusieurs minorités religieuses des villes de l'Europe moderne, confrontées à de puissantes instances répressives : les catholiques britanniques, après l'instauration de l'anglicanisme, les morisques et les crypto-judaïsants (ou marranes) dans l'Espagne inquisitoriale et les nouveaux-catholiques qui pratiquent secrètement le protestantisme en France après la révocation de l'édit de Nantes. Tous ont dû adapter leurs rites aux exigences de la clandestinité dans un espace contraint et élaborer des pratiques sociales originales. La parole religieuse, officiellement exclue de l'espace public, se replie dans le foyer et sur la famille. Mais elle s'en échappe parfois pour se diffuser dans la cité : elle pénètre les lieux interlopes comme les plus contrôlés selon des modalités singulières qui révèlent autant qu'elles créent des territoires spécifiques au sein du tissu urbain.
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