Bernard Palissy (1510--1590) and the French geologists: : a critical reappraisal concerning the founding naturalist and his rustic ceramics

• Autores: Jean-Claude Plaziat
• Localización: Bulletin de la Société Géologique de France, ISSN 0037-9409, Vol. 182, Nº. 3, 2011, págs. 255-267
• Idioma: inglés
• Títulos paralelos:
  • Bernard Palissy (1510--1590) et les géologues français: une nouvelle appréciation critique des écrits du naturaliste et des céramiques rustiques attribuées abusivemen
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• Resumen
  • English

    Bernard Palissy benefited from two centuries (mid-18th - mid-20th c.) of a striking reputation -- only partly justified -- as a precursor of the European geologists and as a prolific producer of a new ceramic ware. During the last decades that appreciation was revealed to be overrated. His scientific and technological fame were respectively founded on misreadings by 18th c. rediscoverers (Jussieu, Réaumur, Fontenelle) and on erroneous attributions to a so-called "rustic Palissy's ware style" of most of the pieces of China with animals in full relief referred to Palissy. The attributions to the Palissy's workshop of pieces including fossil shell casts, by 19th c. romantic ceramic collectors, was confirmed by Alexandre Brongniart [1854], the pioneer decipherer, along with G. Cuvier, of the geology of the Paris basin, who identified Lutetian fossil shells. Munier-Chalmas [in Dupuy, 1894], noting that Palissy did not accept that inland fossils could belong to any marine assemblages, did not understand that this misinterpretation contradicts the current fame of Palissy as the discoverer of marine transgressions.

    Modern geologists, following F. Ellenberger [1988], the first to point out this contradiction, undertook the rehabilitation of the true geological message of Palissy as a pluridisciplinary precursor in nature processes elucidation, at least equal to Leonardo da Vinci in accuracy. This contribution seeks also to solve the last major point of misunderstanding, which resulted in the mingling of the rare true rustic wares designed and produced in Palissy's workshop at Saintes (according to the shells and vertebrates casts), with the more famous and numerous chinas, different in style, especially those with Tertiary fossil shells cast from nature, probably conceived more than a century after the rustiques figulines of Palissy, in a workshop set up in the northernmost Ile de France and not copied from them. The highest established merits of Palissy are acknowledged, that finally place him ahead of the world geologists.

  • français

    Bernard Palissy a bénéficié pendant deux siècles (du milieu du 18e au milieu du 20e s.) d'une réputation en partie injustifiée, à la fois de précurseur de la géologie et de créateur prolifique de céramiques à décor rustique en relief. Les dernières décennies ont vu les premières contestations de cette réputation surfaite. Le principal sujet de gloire de Palissy, dans le domaine scientifique, était, en effet, fondé sur une lecture inexacte de ses écrits concernant les sciences de la terre, par les " savants " de l'Académie Royale des Sciences du 18e siècle (Jussieu, Réaumur, Fontenelle) qui l'ont redécouvert après près d'un siècle et demi d'oubli, et qui lui ont attribué la paternité du concept de transgression marine de vaste extension. En revanche, sa compréhension argumentée de la nature biologique des fossiles est un apport incontestable qui ne doit pas être remis en question. De même que l'autochtonie des fossiles de l'intérieur des terres, démontré par l'observation des gisements. Sa compréhension des phénomènes de fossilisation et de lithification n'est pas toujours aussi parfaite mais ses intuitions sont souvent admirables. C'est sur le plan de l'écologie que l'on peut lui faire le plus de reproches mais sa conception de l'agriculture durable mérite que l'on passe sur les interprétations de fossiles marins de tous âges comme des espèces exclusivement continentales. Une erreur due à son trop absolu respect des Écritures. Au contraire, ses arguments contre le transport des fossiles par le Déluge biblique découlent d'une juste interpré-tation du texte sacré, qu'en tant que Calviniste il ne saurait contester.

    L'attribution erronée d'une partie des céramiques à décor rustique (animalier), comportant des moulages de co-quilles fossiles, est à l'origine d'une autre méprise qui a duré jusqu'à la fin du vingtième siècle. Alexandre Brongniart, compagnon de G. Cuvier, en tant que géologue et directeur de la manufacture de céramique de Sèvres, identifia ces fossiles de l'Eocène, fidèlement reproduits (moulés) sur les plats " au serpent dans une île ", comme étant tous lutétiens. Munier-Chalmas [in Dupuy, 1894] nota que Palissy n'a pas interprété les fossiles observés loin des côtes actuelles, comme faisant partie de peuplements marins, mais il n'a pas vu que cela excluait que Palissy soit le découvreur des an-ciennes transgressions marines. A partir de F. Ellenberger [1988], qui est le premier à avoir identifié cette contradiction, les géologues ont entrepris une étude critique des textes, rétablissant la véritable signification des écrits de Palissy et soulignant ses apports considérables dans bien d'autres explications de processus en relation avec les sciences de la terre. Son ouvre publiée [1563, 1580] est donc digne de rivaliser avec les conceptions de Léonard de Vinci, d'ailleurs restées inédites jusqu'au 19e s. La présente contribution se propose de montrer la nécessité de réviser aussi, à partir d'arguments géologiques exposés pour la première fois, les attributions de la plupart des céramiques à décor rustique. Les plats et pichets avec moulages de fossiles yprésiens et lutétiens ne sont pas dus à Palissy mais à un véritable créateur ultérieur (un " Pseudo-Palissy ", actif au nord de l'Île de France, probablement à la fin du 18e s.) qui n'a pas connu les véritables rustiques figulines de Palissy (inventées et produites à Saintes si l'on se fie à ses écrits et aux coquilles actuelles et aux vertébrés qu'il a moulés), trop rares et inaccessibles à un artisan jusqu'au début du 19e siècle, et qui, par conséquent, n'a pas pu les copier. Le modèle " au serpent dans une île ", avec des fossiles, attribué à Palissy jusqu'en 1998 et devenu emblématique de ses ateliers, doit vraisemblablement être attribué à ce " Pseudo-Palissy ", chef de file des artisans du 19e siècle et précurseur des " Palissystes " dont les créations réellement artistiques (uniques signées) s'écartent de cette première production par l'absence de fossiles et d'autres caractéristiques techniques.

    Si l'on tient compte des mises au point proposées par les géologues pendant les 20 dernières années, le mérite exceptionnel de Palissy apparaît cependant confirmé dans bien des branches du domaine devenu celui des Sciences de la Terre. Cela justifie, compte tenu de l'ancienneté de ses publications, la reconnaissance de sa première place parmi les précurseurs des recherches modernes en géologie.