En 1985, en Mauritanie, à la suite d’une longue période de sécheresse ayant entraîné une sédentarisation massive des éleveurs nomades, la Banque mondiale a mis en œuvre un projet de développement de l’élevage, appelé projet « Élevage II ». Pour s’assurer la participation des populations, des associations pastorales (AP) furent créées, moins en fonction de règles foncières « traditionnelles » qu’en fonction de nouvelles formes de territorialité s’appuyant sur l’appartenance tribale. Il apparut cependant difficile d’assurer la sécurisation foncière des investissements des éleveurs au sein de ces associations, la solidarité tribale (casòabiyya) présumée s’inscrivant dans des stratégies de « notabilité » et n’étant finalement mobilisée que lors des affrontements qui opposent, dans l’exploitation des ressources pastorales, les éleveurs locaux aux nouveaux grands propriétaires de bétail. Toutes les stratégies mises en œuvre dans le cadre de ces associations traduisent l’instrumentalisation des tribus par l’État et celle de l’État par les tribus à l’occasion de laquelle la casòabiyya tribale s’organise dans un contexte de compétition, d’alliances et de conflits.
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