Pierre Alphandéry, Yannick Sencébé
Ce « retour aux origines » éclaire les conditions d’émergence des principales notions qui ont contribué à la formation de la sociologie rurale en France. Il s’inscrit dans le contexte de la modernisation des campagnes à laquelle la sociologie a été confrontée et qui a orienté ses choix théoriques et méthodologiques. Nous traiterons ici de la période 1945-1967, qui va de la reconstruction d’après-guerre à la publication de La fin des paysans d’Henri Mendras, ouvrage qui marque un aboutissement dans la constitution du corpus de la sociologie rurale. Ce corpus associe en effet une analyse de l’existence et des spécificités d’un monde rural distinct de la « société englobante » et une analyse du changement social dans les campagnes. Nous distinguerons deux phases successives. La première correspond à l’émergence de ce champ disciplinaire né du volontarisme modernisateur d’après-guerre et de logiques académiques encore largement inscrites dans la division ville/campagne chère aux agrariens et à la IIIe République. La seconde phase voit la sociologie rurale, gagnée par les approches culturalistes, élargir ses perspectives en s’investissant, aux côtés de l’ethnologie et de la géographie, dans le travail d’inventaire des sociétés rurales, avec pour objectif d’en construire une typologie.
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