La traditionnelle association entre enfance abandonnée et Révolution industrielle occulte le fait que l�écrasante majorité des pupilles de l�Assistance publique, surtout ceux qui sont nés à Paris, vivent et travaillent non dans les grandes cités mais à la campagne. Cette politique de placement, nourrie par un agrarisme jamais démenti, permet de purger les villes tout en repeuplant les campagnes. A une époque où les bras commencent à manquer dans l�agriculture (à cause de l�exode rural et de la guerre), les pupilles de l�Assistance publique sont très demandés. Dans une certaine mesure, ils tirent profit de leur orientation forcée. Ils jouissent d�un salaire, peuvent acheter ce que bon leur semble et sont libres � dans une certaine mesure � de choisir leur patron, alors que de nombreux enfants de famille sont obligés de travailler gratuitement pour leur père jusqu�à un âge avancé. Mais les enfants abandonnés subissent aussi de nombreux abus : les mauvaises conditions de vie, la faiblesse des gages, le surmenage et les violences sexuelles causent des souffrances que l�administration ne se soucie pas de soulager. Au final, la politique de placement rural de l�Assistance publique n�a pas eu un effet notable sur les flux de population, mais elle a modifié en profondeur l�économie et la démographie de certaines régions, tout en perpétuant un secteur agricole peu mécanisé et faiblement concurrentie
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