Les théories structuralistes européennes (ex. Martinet) comme la théorie générative standard (Chomsky et Halle) ont une vision foncièrement unilinéaire de la structure phonologique. La chaîne linéaire des phonèmes est au centre de ces théories et les structures coexistantes n'ont que peu de place. La syllabe est elle-même linéarisée (par l'intermédiaire du trait [± syllabique] ou une "chosification" des frontières): elle disparaît en tant que structure et est réduite à des attributs de segments partageant d'ailleurs ce sort avec d'autres structures ou des traits "suprasegmentaux". Les réactions contre cette linéarisation ont été nombreuses et sont devenues maintenant "dominantes" (théories autosegmentale et métrique). L'idée de structures coexistantes, de "couches associées" s'est imposée; l'objet de la phonologie devient la détermination de ces structures imbriquées et l'établissement de leurs relations. La syllabe est une de ces structures. Ce survol théorique constitue une introduction à l'étude de faits dans des langues particulières: - quelques aspects de la syllabe en français (schwa nucleus / schwa non nucleus; une case syllabique vide: le "h aspiré"; des consonnes flottantes: les consonnes de liaison); les relations de la syllabe avec les frontières; - une case vide syllabique en turc; - quelques aspects de la relation entre syllabes et tons (la syllabe comme unité de perception en dagara; la more comme unité porteuse de ton et unité rythmique en kinyarwanda); - syllabes, mores et "allongement compensatoire synchronique" en luganda; - la syllabe et les structures de dépendance à travers lesquelles se diffuse l'harmonie vocalique en mongol.
© 2001-2024 Fundación Dialnet · Todos los derechos reservados