Parce qu�ils prétendent à l�exercice d�un pouvoir symbolique d�expertise, les consultants auraient eu tout intérêt à s�organiser, comme l�ont fait les membres des professions voisines (architectes, experts-comptables, conseillers d�orientation), sur le modèle des professions libérales, dotées d�une instance centrale de réglementation et de contrôle. Or les nombreuses tentatives d�organisation qui ont ponctué l�histoire de la profession entre 1938 et 1954 sont restées inabouties. Hérités des luttes de concurrence au cours desquelles se construit, au XIXe siècle, la profession d�ingénieur-conseil, les principes de clivage qui structurent le groupe des organisateurs-conseils pendant l�entre-deux-guerres expliquent en partie les résistances à la création d�un Ordre des Conseils en Organisation (OCOS). D�une part, l�intériorisation profonde de l�interdit, hérité de la construction de grands corps de l�État au XIXe siècle, de « faire commerce de la science » constitue un obstacle à la définition professionnelle du métier, fondée sur les revenus. De l�autre, avec l�augmentation numérique des organisateurs-conseils, à partir de la fin des années 1930, l�identité professionnelle du groupe se construit par analogie avec la médecine et accorde alors une place prépondérante aux qualités personnelles (l�intuition, la psychologie, le charisme) les plus rebelles à toute forme de codification.
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