Foi et scepticisme dans la diaspora des nouveaux-chrétiens des débuts de l'Europe moderne

• Autores: Yosef Kaplan
• Localización: Arquivos do Centro Cultural Calouste Gulbenkian, ISSN 0590-966X, Vol. 48, 2004, págs. 21-40
• Idioma: francés
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• Resumen

  • Dans cet article, Y. Kaplan tente de brièvement résumer l'histoire juive des débuts de l'Europe moderne. Opposé aux jugements dénonçant d'"élément irrationnel du judaïsme", il soutient l'hypothèse qu'il est plus juste de "considérer les Juifs comme des individus inclus dans l'histoire plutôt que comme revendiquant leur fixation définitive dans une essence inchangeable. Ceci vaut d'ailleurs également pour les nouveaux chrétiens".

    Pour sa part, l'historien Yitzhak Baer attribue l'entière responsabilité de la désintégration du judaïsme ibérique au courant rationaliste. Mais il est difficile de rendre compte en détail d'un phénomène regroupant des facteurs sociaux, religieux, idéologiques et culturels.

    Récemment, de nombreuses contributions ont mis en lumière une authentique littérature averroïste juive dans l'Espagne de la fin du Moyen Âge. À cet égard, il convient de citer la contribution de Dov Schwartz concernant un cercle de huit penseurs qui ont laissé des oeuvres empruntes d'une même nuance conceptuelle et d'une identique terminologie, cercle actif en Castille, en Aragon et en Navarre, des environs de 1350 jusqu'au début du quinzième siècle.

    Au Portugal, la situation n'était pas sensiblement différente. L'oeuvre de João de Barros, Ropicapnefma ou Mercadoria Espiritual, montre que, dès les années 1530, si ce nést avant, on savait souvent que parmi les hérésies les plus tranchées, caractéristiques des nouveaux-chrétiens, les plus importantes étaient la négation de l'immortalité de l'âme et le rejet de la croyance en un système de récompenses et de châtiments dans l'autre monde. Le lien entre averroïsme et identité juive, maintenu parmi les nouveaux-chrétiens dans les conditions qui leur furent imposées en Ibérie, alors qu'ils échappaient au contrôle d'une communauté juive normative, ne subsista pas longtemps après leur retour au judaïsme. Les conversions et l'assimilation caractéristiques de ces Juifs au dix-huitième siècle, ainsi que le fait qu'en parallèle les communautés de Juifs portugais devenaient plus conservatrices et orthodoxes, résultent, dans une grande mesure, de la division définitive entre rationalisme radical et expérience juive des juifs séfarades occidentaux.