Depuis un siècle, la ville de Lyon cultive la réputation d¿être du point de vue sportif, un « désert perdu ». Le cas du football en est la parfaite illustration. Introduit assez tardivement, aux alentours des années 1900, ce sport collectif n¿a jamais été en mesure de s¿imposer comme un véritable support identitaire. Alors que, durant l¿entre-deux-guerres, le ballon rond devient une pratique et un spectacle populaires, qu¿il conquiert villes et campagnes, qu¿il est un enjeu à la fois politique et commercial, la ville de Lyon brille par son absence lors de la création en 1931-1932 du premier championnat de France professionnel. Les Lyonnais devront attendre vingt ans pour présenter une équipe professionnelle (l¿Olympique Lyonnais fondé en 1951), alors que Saint-Étienne en possède une dès le début du professionnalisme. L¿Olympique Lyonnais, en dépit de sa constance au plus haut niveau, de plusieurs titres en Coupes (1964, 1967, 1973) et en Championnat (2002, 2003), n¿est parvenu que récemment à conquérir le c¿ur du public lyonnais. À quoi doit-on imputer cette apathie sportive ? L¿identité sportive de Lyon est-elle d¿une autre nature que celle qui habituellement associe un sport ou un événement sportif à une ville ? Doit-on y voir plutôt le résultat de la politique sportive « sociale » menée par le maire Édouard Herriot pendant un demi-siècle et de son opposition au sport professionnel d¿élite ? C¿est à ces questions que cet article a l¿ambition de répondre au travers de l¿étude de l¿évolution des rapports entretenus par le football et la société lyonnaise durant la période 1918-1964.
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