A partir de l'analyse des moments forts de l'histoire des premières fêtes bolchéviques, telles que la commémoration du Dimanche rouge en janvier 1918, le 1er mai 1918 ou le premier anniversaire de la révolution d' Octobre, cet article étudie la naissance de la fête soviétique et, à travers elle, le processus de la construction d'un nouveau pouvoir public. Plutôt que de parler d'une construction ex-nihilo ou, au contraire, d'un prolongement direct des traditions du mouvement ouvrier prérévolutionnaire, l'auteur propose d'y voir un processus de transformation d'un modèle de la fête ouvrière partisane et contestataire vers une fête publique, destinée à exprimer l'adhésion au nouveau pouvoir et à fonder la légitimité de celui-ci. Pour les bolchéviks et leur partisan, l'enjeu et la difficulté sont immenses, car il ne s'agit pas d'évincer seulement les rituels concurrents et de s'affirmer comme la seul source du pouvoir symbolique, mais aussi et surtout de tranformer un rituel de lutte, de subversion et d'exclusion en un acte d'institution, de légitimation et d'inclusion. Avec ce glissement de sens, des nouveautés majeures apparaissent là précisément où - comme dans le mmeting et la manifestation - une continuité et une fidélité à la tradition rituelle du mouvement ouvrier étaient clamées au plus fort. En même temps, on assiste à une récupération et à un réinvestissement des formes anciennes qui, à priori, devaient disparaître avec d'autres débris du passé impérial. Cet article cherche donc à comprendre les logiques et à voir les tensions intérieures à ce processus de transformation, à discerner le nouveau dans les apparentes continuités et à découvrir les usages du passé - que ce soit l'année 1917 ou les rituels impériaux - dont on proclame pourtant qu'on fait table rase
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