L'accroissement du nombre des États de l'Union européenne fut le principal argument pour souhaiter que s'établissent, par un traité constitutionnel, de nouvelles règles de fonctionnement pour l'"Europe". Ainsi ce grand ensemble économique pourrait devenir une véritable puissance politique.
Ces perspectives de développement ont été brusquement stoppées en 2005 par le rejet, en France et aux Pays-Bas, sous l'effet de problèmes de politique intérieure, du projet de Constitution européenne. Cependant, parmi les causes de la crise de l'idée européenne, les explications ne manquent pas : l'opinion est mécontente de ne pas avoir été consultée lors de l'extension de l'UE et est, dans l'ensemble, hostile à l'adhésion d'un État musulman extérieur à l'Europe, la Turquie. C'est un paradoxe étonnant sinon même scandaleux que de discuter autant de l'entrée de la Turquie dans l'UE, alors que l'on ne souffle mot de la Russie, pourtant indiscutablement de culture européenne. La crise de l'idée européenne, provoquée ou révélée par les "non" français et néerlandais, reporte la question des nouveaux élargissements. Il va sans doute falloir attendre plusieurs décennies pour que l'UE englobe l'ensemble des Européens, "de l'Atlantique à l'Oural" et devienne véritablement un ensemble politique. Mais cela peut aller bien plus vite si une grande menace islamiste se dressait brusquement sur sa façade sud, de la Méditerranée à l'Asie centrale, et si les Européens prenaient conscience qu'ils seront sans doute désormais seuls à devoir y faire face.
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