Y. Perrillat, Jean Michel Mazer, Michel Magis
Le tatouage permanent connaît un regain de popularité depuis une vingtaine d’années. On estime que 24 % de la population générale est tatouée. Les tatouages peu sophistiqués réalisés à l’encre de chine noire, ont fait place à des tatouages artistiques aux couleurs vives. Ils deviennent parfois indésirables. On peut estimer qu’au moins 10 % des 5 à 10 millions de tatoués désireront se le faire retirer dans les prochaines années. Ce motif de consultations est de plus en plus fréquent. Afin de répondre à la demande de patients désirant réparer leur erreur, les dermatologues sont passés de techniques archaïques au traitement par laser déclenché nanoseconde et picoseconde. Dans ce contexte, la singularité de la problématique actuelle du détatouage, est le passage obligé par une dégradation progressive au fur et à mesure des séances avant d’aboutir à l’effacement. Ces lasers déclenchés utilisent le principe de la photothermolyse sélective. La connaissance des encres (chromophore) qui constituent le tatouage devient alors essentielle afin de choisir la longueur d’onde qui sera la mieux absorbée. Plusieurs études montrent la grande diversité des composés chimiques retrouvés dans les tatouages dont certains spécifiques de la couleur.
Différentes longueurs d’ondes sont utilisables : Le laser Nd :YAG 1064 nm pour retirer les pigments bleus, noirs et marrons, le Nd :YAG 532 nm pour les pigments rouges, le Rubis 694 nm pour le mauve, le violet, le vert, le bleu et le noir, et l’Alexandrite 755 nm pour le bleu, le vert et le noir. Outre le choix de la bonne longueur d’onde, le temps d’impulsion est également important. En effet, avec les lasers nanosecondes, une partie peu importante de l’énergie laser est transformée en effet photoacoustique efficace et ce d’autant plus que la cible est petite. La conséquence de ce principe est une moindre efficacité pour des amas pigmentaires de petites tailles. Les lasers picosecondes permettraient donc de détruire les chromophores de plus petites tailles (tatouages fantômes).
Les effets indésirables varient selon la longueur d’onde. Hypo- et hyperchromies transitoires sont fréquentes. Certains pigments noircissent. Les auteurs relèvent peu de cicatrices définitives pigmentaires ou atrophiques. Le détatouage sur peau noire est réalisable dans certaine condition. Certaines adaptations de nos procédures sont possibles afin d’optimiser les résultats :
– technique R20 ;
– association laser fractionné/laser Q-switched.
Il est souvent difficile de répondre aux patients de façon formelle, sur le nombre de séances nécessaires, sur le temps global de traitement et sur le résultat final que le patient peut espérer obtenir. Il devra être prévenu du coût global, souvent important, en rapport avec un grand nombre de séances réalisées avec du matériel de très haute technologie.
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