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Emmanuelle Hellio
  • http://www.urmis.fr/emmanuelle-hellio/
  • http://www.urmis.fr/emmanuelle-hellio/ Emmanuelle Hellio est docteure en sociologie, actuellement en postdoctorat à ... moreedit
À la figure mythique du plombier polonais se substitue désormais celle de l’ouvrier agricole détaché venu d’Espagne. Tout comme le premier, il est accusé d’être un rouage du dumping social, mais aussi, et c’est là une nouveauté, un... more
À la figure mythique du plombier polonais se substitue désormais celle
de l’ouvrier agricole détaché venu d’Espagne. Tout comme le premier, il
est accusé d’être un rouage du dumping social, mais aussi, et c’est là une nouveauté, un vecteur de contagion de l’actuelle pandémie de Covid-19 et de contournement du dispositif sanitaire mis en place. Quand on entend que le corps étranger menace le corps social, quand l’hygiénisme fait le lit de la xénophobie et du patriotisme économique, il est temps de revenir aux faits.
"J'ai essayé les faux papiers pour venir en avion mais j'ai pas pu parce que mon visage il est pas très pratique !". Ainsi commence, il y a trois ans à Kaboul, le parcours de Khan vers l'Angleterre qui durera 16 mois et coûtera plus de 15... more
"J'ai essayé les faux papiers pour venir en avion mais j'ai pas pu parce que mon visage il est pas très pratique !". Ainsi commence, il y a trois ans à Kaboul, le parcours de Khan vers l'Angleterre qui durera 16 mois et coûtera plus de 15 000 euros. En retraçant cet itinéraire dans sa dimension spatiale mais aussi temporelle, cette carte vise à prendre la mesure des frontières de l'Union européenne qu'on ne peut appréhender qu'en se penchant sur les expériences de ceux qui y sont confrontés.
Este artículo analiza las relaciones que existen entre los mercados de trabajo de dos de los principales sectores exportadores de fresa de contra-estación del Mediterráneo, el de Huelva, en España y el del Loukkos, en Marruecos. Está... more
Este artículo analiza las relaciones que existen entre los mercados de trabajo de dos de los principales sectores exportadores de fresa de contra-estación del Mediterráneo, el de Huelva, en España y el del Loukkos, en Marruecos. Está basado en la realización de un trabajo etnográfico en cada uno de estos territorios. Veremos que la orientación de los programas de contratación en origen para el sector fresero español hacia Marruecos en los años 2.000, se encuentra íntimamente relacionada con la deslocalización previa de algunas empresas del sector a este país. Esto supuso la configuración de una fuerza de trabajo muy similar en ambos enclaves productivos, compuesta por mujeres marroquíes. Nos interesaremos por la manera en la que las asimetrías de género y postcoloniales son movilizadas en cada contexto, destacando el papel de una ideología sexual y racializada que construye a las mujeres rurales marroquíes como una mano de obra adecuada a las necesidades de los empleadores, identificándolas principalmente como madres y esposas.
Il est courant d’opposer la liberté de circulation des personnes avec celle des marchandises ou des capitaux, réputée sans entrave dans un monde libéral, pour constater que la première n’est que formelle. Mais les choses ne sont pas si... more
Il est courant d’opposer la liberté de circulation des personnes avec celle des marchandises ou des capitaux, réputée sans entrave dans un monde libéral, pour constater que la première n’est que formelle.
Mais les choses ne sont pas si simples et les marchandises ne circulent pas si librement quand les intérêts économiques de la rive nord de la
Méditerranée sont en jeu. Où l’on parle de subordination des terres et des travailleuses marocaines au calendrier productif européen.
Ces deux cartes illustrent les dynamiques de délocalisation et de délocalisation sur place qui traversent la globalisation agro-alimentaire. La première montre la fuite vers le sud entraînée par une mise en concurrence des zones de... more
Ces deux cartes illustrent les dynamiques de délocalisation et de délocalisation sur place qui traversent la globalisation agro-alimentaire. La première montre la fuite vers le sud entraînée par une mise en
concurrence des zones de production à l’échelle de la planète. On y devine les stratégies d'implantation des multinationales pilotant la chaîne des baies : le choix de pays au climat adéquat, aux ressources
naturelles exploitables, où la main-d'oeuvre est bon marché, et assez proches des pays où la production sera exportée. La seconde carte retrace le parcours juridico-temporel d’un saisonnier marocain sous
contrat OFII . Ce parcours illustre les conditions juridiques et les conséquences sociales d’une politique migratoire de délocalisation sur place assurant la vulnérabilité administrative des travailleurs étrangers.
Pour cet ouvrier comme pour des milliers de collègues, l'enfermement statutaire a entraîné pendant des dizaines d'années une assignation à circuler entre le Maroc et la France. Pour les employeurs, les
contrats ont permis de constituer dans notre pays des conditions de non droit en assurant de 1970 à 2010 la captivité de leur main-d'oeuvre jusqu'à l'opération Regulomi orchestrée par le Collectif de défense
des travailleurs agricoles saisonniers qui a permis à 1 200 saisonniers de sortir enfin du statut.
Research Interests:
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Dans le champ des migrations, lorsqu'on parle de liberté de circulation, c'est généralement pour déplorer une différence substantielle entre la liberté de mouvement des capitaux et des marchandises et celle accordée aux individus. Or,... more
Dans le champ des migrations, lorsqu'on parle de liberté de circulation, c'est généralement pour déplorer une différence substantielle entre la liberté de mouvement des capitaux et des marchandises et celle accordée aux individus. Or, tout n'est pas si simple. Si on prend l'exemple du Maroc et de l'Union européenne avec lequel cette dernière développe des relations qu'elle qualifie de « privilégiées », garanties entre autres par un « partenariat pour la mobilité », il faut se rendre à l'évidence : pas plus que les hommes, les tomates chérifiennes ne circulent librement des deux côtés du détroit. Le développement d'une production sous serre de contre-saison-soutenu par les politiques d'ajustement structurel, puis par le Plan Maroc Vert-amène un pays pauvre en eau à l'exporter sous forme de fraises ou de tomates. Celles-ci ne peuvent être commercialisées que dans les interstices du calendrier défini par l'accord d'association Maroc-UE. De ce commerce, le Maroc ne retient qu'une infime partie de la valeur, le reste étant accaparé par les investisseurs étrangers. De leur côté, les saisonnier(e)s agricoles marocain(e)s sont généralement introduits en France et en Espagne à partir du mois de mars, soit au moment précis où l'exportation des fruits et légumes produits au Maroc devient non compétitive du fait des tarifs douaniers imposés par l'UE. Malgré les discours qui célèbrent partout le règne du libre-échange, in concreto, les frontières de la Méditerranée sont l'outil d'une intégration subordonnée du Sud par le Nord. Ceux qui les conçoivent tissent entre les deux rives des relations asymétriques qui s'apparentent davantage à des branchements et des canalisations qu'à de la libre-circulation. A travers cette articulation fonctionnelle, s'opère une subordination spatio-temporelle de l'espace et de la société marocaine, mobilisés de manière à répondre aux besoins du calendrier productif européen et à le complémenter. Cette distorsion entre discours et faits se retrouve également dans la novlangue de l'UE ou des organisations internationales comme l'OIM, l'OIT, l'OMC sur les programmes de migration temporaire. Sous la bannière d'une « migration circulaire » supposée plébiscitée par les migrants et présentée comme bénéfique à toutes les parties (l'idéologie managériale de la stratégie win-win-win), s'organise une des migrations les plus canalisées et les moins protectrice de droits qui soit, celle des contrats saisonniers dans l'agriculture. Une des caractéristiques du discours néolibéral est de présenter la contrainte et la canalisation sous l'angle de l'ouverture et de l'auto-mobilité, de mettre en avant l'individu et sa capacité d'action (agency) pour mieux masquer les contraintes sous le voile d'une liberté individuelle. En résulte une inversion de la causalité grâce à laquelle ces entraves sont in fine présentées comme arrangeant les individus qui les subissent. Cependant, même lorsque des textes d'apparence ultra-libérale facilitent les déplacements, comme le « mode 4 » de l'Accord Général sur le Commerce des Services ou la directive européenne de 1996 sur les travailleurs détachés, de nombreux garde-fous sont posés par les Etats utilisateurs de main-d'oeuvre pour la maintenir dans une situation de subordination et d'insécurité juridique et l'assigner à un segment disqualifié du marché du travail. Sous les pavés de la liberté, on découvre l'utilitarisme migratoire et le bridage systématique du salariat étranger. Il est important de souligner les ambiguïtés de notre régime frontalier. Prendre le libéralisme au mot, sans déceler ses contradictions, amène à constater que de telles politiques engendrent