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Resúmenes

En contrepoint à la littérature sur l’expérience de la “maternité à distance” dans les familles transnationales, cet article porte le regard sur les mères qui restent auprès de leurs enfants en l’absence des hommes, engagés dans des migrations de longue distance. Il cherche à comprendre comment l’expérience d’être mère est alors transformée, en abordant ses différentes dimensions : modèles de la maternité, pratiques, et représentations de soi. La question est posée pour des familles mexicaines du milieu populaire résidant en ville, afin d’analyser les effets du contexte urbain. L’enquête ethnographique menée à Mexico auprès de familles indiennes met en évidence le poids sur le réagencement des rôles parentaux au sein du couple et de la famille, de plusieurs facteurs : les conflits intergénérationnels autour de la définition des normes de la maternité, l’inscription des individus dans des rapports sociaux ethnicisés, la dispersion géographique de la famille et la diversité des espaces de socialisation caractéristiques de la ville.

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1Comment les migrations de longue distance, en séparant et réorganisant les familles, transforment-elles l’expérience d’être mère? Si la question a suscité beaucoup d’intérêt lorsque les mères, migrantes, exercent leur rôle maternel « à distance » (transnational motherhood), la situation de celles qui restent en charge des enfants en l’absence des pères a moins été étudiée. Il est vrai que cette configuration semble à première vue moins brouiller la frontière genrée distribuant les tâches productives et reproductives au sein de nombreuses familles occidentales. Pourtant, à l’échelle micro, l’absence affecte l’organisation familiale et la répartition des rôles parentaux. Cet article propose de situer le regard dans le foyer d’origine des migrants, en postulant que les femmes qui restent seules tandis que leur conjoint est loin voient aussi se modifier leur pratique du rôle de mère sous des formes qu’il convient d’explorer. Quels sont les changements dans le quotidien des femmes et comment les perçoivent-elles ? Quelles ressources sociales, familiales, spatiales mobilisent-elles pour faire face à cette situation nouvelle? Il est pertinent de poser ces questions au Mexique, en raison de l’intensité des migrations, de la diversité des formes qu’elles empruntent et de leur ancienneté.

2Les recherches sur ces questions y ont surtout été menées dans le milieu rural (Malkin, 2004; Marroni, D’Aubeterre Buznego, 2002; Barrera Bassols, Oehmichen Bazán, 2000). Elles présentent des résultats ambivalents. D’une part, elles montrent que les femmes se voient souvent attribuer de nouvelles tâches qui leur ouvrent des espaces socialisation, par exemple lorsqu’elles s’impliquent dans la vie politique au niveau local pour suppléer aux hommes ou lorsqu’elles endossent une partie du travail productif. Dans ce sens, la migration amène à questionner les modèles de genre, aux côtés d’autres facteurs (Anthias, 2012). Les épouses des migrants restent toutefois en charge de l’éducation des enfants, parfois secondées par des parentes ; elles opèrent sous le contrôle des autres femmes, et en particulier de leur belle-mère, qui surveillent leur conformité aux comportements attendus d’une bonne mère et d’une bonne épouse: ces mécanismes favorisent la reproduction des schémas de genre préalables à la migration (Hondagneu-Sotelo, Cranford, 2006 ; Herrera, 2013b).

  • 1 J’utilise le terme « maternité » faute de l’existence en français de la distinction que permet l’an (...)

3Le rôle maternel doit alors être pensé comme une composante parmi d’autres dans des vies de femmes composées de rôles multiples: vie professionnelle, vie de couple, rôles de fille, notamment. Je propose d’appréhender la maternité1 sur trois plans : comme une norme socialement et historiquement construite définissant les rôles attendus d’une mère, d’abord ; comme les pratiques qui en découlent, ensuite, et qui sont autant de variations, de réappropriations, de réadaptations par rapport aux modèles (Herrera, Carrillo, 2009) ; comme un mode de définition de soi des individus, pour soi et par rapport à autrui, enfin, dans une approche compréhensive. Les normes définissant les rôles parentaux se caractérisent par leur diversité, y compris au sein d’une même société : l’ethnicité, la classe sociale et la génération, le temps et l’espace influent sur leur conception (Baldassar, Merla, 2013). Elles sont à penser de forme relationnelle, se construisant par rapport au parent de l’autre sexe d’une part, avec qui la répartition des tâches est souvent conçue dans la complémentarité et l’opposition, par rapport aux générations précédentes, d’autre part. C’est cet espace de tension, entre reproduction et contestation des normes et des pratiques de la maternité, et ses répercussions sur les femmes, que je souhaite saisir, dans un contexte encore peu exploré : celui des migrations depuis la ville.

4Si la migration internationale était à la fois plus importante et plus visible dans les campagnes mexicaines jusqu’aux années 1990, les grands centres urbains et les villes intermédiaires, en plus d’absorber les migrants internes provenant des différentes régions du pays, sont aussi devenus des zones de départ vers les États-Unis. D’après l’enquête EMIF Norte, entre 2000 et 2010 la part des citadins (résidant dans des localités de plus de 15 000 habitants) dans ce flux migratoire est passée de 50 à 63% (CONAPO, 2014). Or on peut faire l’hypothèse que le contexte urbain génère des contraintes et des opportunités dont découlent d’autres configurations que celles observées en milieu rural. D’abord, la plus grande dispersion spatiale des membres de la famille étendue, l’exposition à une pluralité de modes de vie, peuvent atténuer le contrôle social et la reproduction des modèles genrés observés en milieu rural. La croissance rapide d’une mégalopole comme Mexico, alimentée par l’afflux de migrants ruraux au long du XXe siècle, appelle également à analyser l’imbrication des migrations internes et internationales, pour lesquelles la ville peut constituer un point d’interconnexion, et ainsi à resituer dans des histoires migratoires sur le temps long les changements opérés par la migration internationale.

  • 2 Le District Federal (D.F.) compterait 120 000 personnes indiennes sur 8 millions d’habitants selon (...)

5Sur le plan méthodologique, l’un des défis que pose l’analyse des migrations depuis la ville résulte de la diversité des profils sociologiques des citadins, en termes de classe sociale, d’ethnicité, ou d’ancienneté dans la ville. Au Mexique, la migration internationale depuis les villes a surtout été abordée sous ses aspects démographiques et économiques, au détriment d’une approche plus qualitative (Papail, 2003; Hernández-León, 2008; Arias, Woo, 2007). Je présente ici une étude de cas, afin d’éclairer l’expérience des acteurs tout en les restituant dans un contexte spécifique (Baldassar, Merla, 2013). L’analyse porte donc sur un type de migration issu des villes parmi d’autres existants : celui d’individus nés à la campagne et installés dans la capitale à l’issue d’une migration interne, selon un schéma migratoire très courant au Mexique dans la seconde moitié du XXe siècle, en particulier pour les populations indiennes (Arizpe, 1975). Dans les familles étudiées, provenant d’un même village, les hommes partent depuis le début des années 2000 pour les États-Unis. Ces familles s’identifient et sont identifiées par les citadins et par les institutions comme « indiennes »2, plus précisément comme « otomis », des catégories socialement construites qui renvoient à des processus historiques de racialisation et d’ethnicisation. En dépit de leur spécificité, leur schéma migratoire est représentatif des évolutions de la migration mexicaine vers les États-Unis observées depuis une trentaine d’années, et de l’apparition de nouveaux profils de migrants internationaux, parmi lesquels des citadins des quartiers populaires et des Indiens (Durand, 2007).

6Dans le cadre de ma recherche doctorale, une enquête ethnographique a été conduite à Mexico entre 2003 et 2009 auprès d’environ 80 familles établies dans le même quartier, lors d’un séjour long (12 mois) et de plusieurs séjours courts. Elle a été complétée par des observations dans une association de quartier menant un travail régulier auprès de ces migrants internes, et par des séjours dans leur village d’origine et aux États-Unis. Des entretiens formels et informels ont été réalisés avec sept femmes d’une trentaine d’années dont les époux se trouvaient alors aux États-Unis. Tous maintenaient des liens avec leur famille. Avec cinq des femmes, les entretiens se sont répétés dans le temps et ont été accompagnés d’observations, un dispositif essentiel pour capter la dimension temporelle de la migration et de l’absence : l’organisation de la vie quotidienne et de la famille, la relation conjugale, le rapport à soi des femmes enquêtées évoluent au fil du temps. L’ethnographie a par ailleurs permis de saisir l’imbrication entre plusieurs sphères : l’espace intime de la famille nucléaire et du couple, les relations avec la famille étendue, la participation à d’autres espaces de socialisation.

7Après une brève présentation du processus migratoire et du contexte local dans lesquels s’inscrit l’enquête, l’article analysera les transformations de la vie quotidienne des femmes engendrées par le départ de leurs conjoints aux États-Unis. Le modèle de maternité qu’elles adoptent, que je propose d’appeler « maternité en présence », pour le distinguer de la « maternité à distance » souvent présentée dans les études sur les familles transnationales, entre en conflit avec les normes en vigueur pour les générations précédentes. Enfin, je montrerai comment les femmes tirent profit des ressources de l’espace urbain pour reconfigurer les réseaux familiaux et gagner des espaces d’autonomie.

Migrations vers et depuis la ville

8Dans le village de l’État de Querétaro d’où sont issus les migrants que j’ai suivis, la pauvreté et la crise de l’agriculture ont poussé hommes et femmes vers les villes mexicaines dès les années 1940, avec des temporalités plurielles : migrations saisonnières, temporaires mais aussi, pour certaines familles, installation durable en ville à partir des années 1990. À Mexico, les hommes travaillent dans la construction, souvent comme journaliers, les femmes dans le commerce informel d’artisanat, de bonbons et de cigarettes. Plusieurs familles provenant du village se sont regroupées dans des habitats de fortune, construits dans des terrains vagues ou des immeubles abandonnés au centre de la ville - un mode d’organisation sociale et territoriale auquel renvoie ici le terme de « groupe ». Les interactions avec les autres citadins prennent souvent la forme du racisme, même si dans le contexte des politiques multiculturelles dont se réclame Mexico, être identifié comme indien peut ouvrir l’accès à certains droits (Oehmichen Bazán, 2005; Molina, González, Yanez, 2005; Gros, Dumoulin Kervran, 2011).

  • 3 Dans le D.F., 14% de la population indienne active gagne moins d’un salaire minimum, contre 7% pour (...)

9Dans leur vie quotidienne à Mexico, les femmes otomis sont particulièrement confrontées à ces relations conflictuelles, entre stigmatisation et valorisation, entre injonction à la différence culturelle et à l’intégration. Le commerce informel cristallise ces tensions. Ainsi être identifiées comme indiennes est un atout pour vendre de l’artisanat, tout en renforçant certaines représentations négatives. Les commerçantes sont très souvent accompagnées de leurs jeunes enfants. Assimilée à la mendicité et au travail infantile, la vente dans la rue expose alors les femmes au stigmate de la mauvaise mère et, pour les indiennes, est interprétée comme un déficit d’intégration. Le discours critique est porté par les passants, les medias, les institutions et les associations qui gravitent autour des groupes indiens. Une association de quartier en particulier, le centre Colibri, intervient depuis la fin des années 1990 auprès des familles otomis. Ses activités sont variées, à visée éducative (ateliers sur l’alcoolisme, la violence domestique, les drogues) ou caritative (distribution de repas aux enfants), mais elles ont pour fil directeur la condamnation explicite du modèle de maternité incarné par les femmes qui vendent dans la rue. L’insertion des Otomis dans la capitale se caractérise donc par une marginalité résidentielle et économique qui reflète de façon extrême les inégalités, la pauvreté et le racisme dont souffrent les populations indiennes à Mexico3.

10La volonté d’obtenir un meilleur niveau de vie est le principal argument invoqué par ceux qui quittent Mexico pour les États-Unis. Cette dernière forme de mobilité a émergé dans les groupes indiens de Mexico il y a une quinzaine d’années. Encore rare, elle est surtout le fait d’hommes qui traversent la frontière à l’aide de passeurs, et qui trouvent du travail dans l’industrie ou la restauration. Du fait de son coût économique et humain, cette migration clandestine prend la forme d’une absence durable, et non d’allers-retours. Elle fait l’objet d’un discours réprobateur dans le groupe ; au sein des couples, la plupart des compagnes des migrants se sont fermement opposées à leur départ.

11On retiendra que la migration traverse l’histoire des groupes otomis et de leurs membres sous des formes diverses, qui obéissent à la structure genrée des migrations internes et internationales en Amérique Latine (surreprésentation des femmes dans les migrations internes et des hommes dans les migrations internationales) (Lara Flores, 2012). Les parents des enquêtées étaient engagés dans des migrations temporaires vers la ville ; elles-mêmes ont émigré pour s’installer à Mexico. Le départ de leurs conjoints pour les États-Unis, enfin, les place dans une position nouvelle, celle de l’épouse restée en charge des enfants.

Repli sur l’espace domestique et gestion de l’absence

12Après le départ de leur conjoint, la vie quotidienne des femmes restées seules se réorganise. Les rôles parentaux se réagencent, d’une part, tout comme les différents rôles sociaux investis par les femmes, d’autre part.

13Hommes et femmes adaptent d’abord leurs pratiques pour compenser l’absence des pères dans la gestion domestique et l’éducation des enfants. Les hommes s’efforcent d’exercer leur paternité à distance, en appelant régulièrement leur famille, en envoyant argent et cadeaux. Ceux que j’ai rencontrés aux États-Unis exprimaient sans détour la difficulté d’être loin de leurs enfants et le poids de la solitude, sans réduire leur rôle de père à sa fonction économique de pourvoyeur du foyer. En revanche, ils se montraient, au dire de leurs épouses, réticents à exercer une autorité susceptible d’engendrer des conflits avec leurs enfants. Ainsi, le mari d’Adelia envoie des cadeaux aux enfants même quand son épouse lui explique qu’elle les a punis. « Je fais la maman et je fais le papa », conclut Adelia (Adelia, 3 enfants, seule depuis 3 ans, 2006). Ces résultats vont dans le sens d’autres études : même si dans la pratique les femmes cumulent les tâches, en exerçant par exemple une autorité plutôt dévolue aux hommes, les références qu’elles mobilisent ne contestent pas les divisions sexuées habituelles (Hondagneu-Sotelo, 1992). La répartition des frontières entre les rôles masculins et féminins varie donc peu après le départ des hommes.

14Des changements considérables interviennent néanmoins dans l’organisation de la vie quotidienne des femmes. Comme cela a été documenté dans d’autres contextes migratoires, à Mexico, la moralité et la sexualité des épouses des migrants font l’objet d’un fort contrôle social, surtout exercé par les voisines, originaires du même village (Malkin, 2004; Marroni, D’Aubeterre Buznego, 2002; Barrera Bassols, Oehmichen Bazán, 2000). Souffrant d’intimidations, d’insultes ou trouvant des graffitis sur leur porte, les femmes limitent leurs sorties ou se font accompagner de leurs enfants, garants de leur bonne conduite. Outre qu’elles isolent les femmes du reste du groupe, les rumeurs produisent un autre effet notable : elles incitent les femmes à se retirer de leur activité comme commerçantes ambulantes, leur présence dans la rue les exposant trop aux médisances. Le seul revenu du foyer est alors celui qui leur parvient des États-Unis, une somme modeste et soumise aux aléas des contrats précaires de leurs conjoints. Cette situation instaure une dépendance économique pour les femmes envers leur conjoint et accentue leur angoisse d’être abandonnées.

15Par ailleurs, la plupart des femmes ont émis lors des entretiens leur souhait de partir à leur tour aux États-Unis. Mais l’horizon d’un possible projet migratoire se ferme rapidement. En effet, le risque encouru à traverser la frontière et le coût du passage rendent inenvisageable de partir avec les enfants. Or la dispersion des proches entre ville et campagne, du fait de l’histoire migratoire familiale, est un obstacle au moment de trouver à qui confier les enfants: les grands-parents vivent souvent au village. Il faudrait y renvoyer les enfants, les obliger à quitter la ville, ce qui est perçu comme un bouleversement trop important à leur infliger. La question du financement du voyage se pose ensuite : les femmes doivent convaincre leur époux de financer un passeur, ce que les hommes refusent généralement au prétexte que la place d’une mère est auprès de ses enfants. « Moi je veux partir, je veux partir, j’étouffe ici. Mais il ne me laisse pas », proteste Juliana, des larmes dans les yeux (Juliana, 4 enfants, seule depuis 6 mois, Mexico, 2007).

16Cantonnées à l’espace domestique, les femmes se retirent donc de lieux et d’activités précédemment investis. Au cours des premiers mois après le départ de leur mari, prises entre la tentation de laisser leurs enfants derrière elles et le rappel de leurs responsabilités maternelles, elles sont renvoyées à un rôle de mère qui devient dès lors prépondérant.

Le rôle maternel réinvesti de sens: une rupture générationnelle

17Quelques mois après le départ des hommes, l’investissement de leur rôle maternel au détriment d’autres rôles sociaux, d’abord présenté comme subi, semble réapproprié par les femmes. Elles développent alors un discours très critique vis-à-vis du modèle de maternité des générations précédentes. Les changements qu’elles prônent portent sur plusieurs points : l’attachement à la scolarisation, la condamnation de la violence physique, et le refus de confier leurs enfants à d’autres femmes.

18Les épouses des migrants valorisent d’abord beaucoup la réussite scolaire de leurs enfants. Leur offrir des perspectives d’éducation est présenté comme l’un des objectifs de l’émigration masculine, conformément ce qui a pu être observé dans d’autres contextes migratoires (Herrera, Carrillo, 2009) : la migration du père vise à financer des études et à faciliter l’apprentissage de l’anglais. Le pari fait sur l’éducation se traduit dans l’attention que les femmes portent à l’assiduité scolaire de leurs enfants, organisant leurs journées pour les accompagner à l’école, s’assurant de ce fait qu’ils vont bien en classe et les protégeant des dangers potentiels des rues de Mexico, surveillant les devoirs, rencontrant les enseignants. Elles refusent farouchement, par ailleurs, que leurs enfants ne travaillent et jugent durement les femmes qui opèrent d’autres arbitrages. En effet, de nombreux enfants otomis contribuent à l’économie familiale en vendant sucreries et cigarettes dans la rue. Le travail infantile est alors justifié par la situation d’indigence dans laquelle se trouvent de nombreuses familles, et par une éthique du travail issue du monde rural, où la socialisation de l’enfant par le travail primerait sur celle transmise par l’école (Rojas-Cortes, 2010). En revanche, les épouses des migrants, soutenues sur ce point par leurs conjoints, défendent une autre idée de l’éducation, en rupture avec leur propre trajectoire : toutes les enquêtées ont travaillé dans leur enfance ; aucune n’avait été scolarisée au-delà de l’école primaire.

19Le refus d’avoir recours à la violence physique pour se faire obéir participe de la même critique des pratiques des générations précédentes. Les épouses des migrants évoquent les violences qu’elles ont subies dans l’enfance, les condamnent et s’efforcent de modifier leur comportement. Restée seule à Mexico avec quatre enfants en bas âge, à bouts de nerfs, Regina a fait appel à des psychologues pour apprendre à se faire obéir autrement.

20Enfin, ces femmes ont été élevées dans des familles où la migration vers les villes mexicaines était courante, y compris pour leurs mères qui allaient travailler en ville comme commerçantes ambulantes ou comme employées domestiques (Arizpe, 1975; Oehmichen Bazán, 2005; Pérez-Ruiz, 2008). En l’absence de leurs parents, elles ont été confiées à des proches, pour de courts séjours ou de façon plus pérenne. Adelia a ainsi été « vendue », selon ses termes, à une tante en ville, qui « l’exploitait » et la battait. Pour ces femmes, rester auprès de leurs enfants prend aussi sens par rapport à cette expérience. «  Je ne veux pas qu’il leur arrive quoi que ce soit. Mes enfants, c’est tout ce qu’il me reste. Et je sais que personne ne s’en occupera aussi bien que moi » (Adelia, 2006).

  • 4 Le terme espagnol est superarse.

21La distanciation avec les normes de la maternité qui prédominent encore dans leur groupe d’origine, implique pour les femmes de s’engager dans un profond travail sur soi. Il se traduit dans un vocabulaire du « dépassement de soi»4, de l’« apprentissage », de l’« indépendance » – les termes sont revenus souvent dans les entretiens. Il s’exprime aussi par un discours de rupture avec les générations précédentes, dans lequel la vente dans la rue symbolise le modèle éducatif que les femmes rejettent, comme l’exprime Adelia : « Je ne veux pas ça pour mes enfants, qu’ils vivent dans la rue. Je veux qu’ils soient différents. Moi je pense différemment des autres femmes. Je veux améliorer les choses, je ne vis pas comme avant, je ne veux plus vivre comme avant (Adelia, 2007) ». C’est donc par rapport aux générations précédentes, plus que par rapport à leur conjoint, que se nouent les conflits qui transforment le sens d’être mère pour les épouses des migrants aux États-Unis.

22Si toutes les épouses de migrants aux États-Unis adhèrent à ces conceptions de ce que signifie « être une bonne mère », la migration internationale n’est pas le seul facteur expliquant des prises de position par ailleurs partagées par d’autres femmes du groupe dont les maris vivent à Mexico. La dimension intergénérationnelle et cumulative de l’expérience des migrations contribue à expliquer ce changement de modèle. Dans un village mexicain où la migration internationale est très répandue depuis plusieurs générations, Gail Mummert a montré que le concept de père idéal a évolué d’une génération à l’autre en rapport avec l’expérience de la migration. Élevés dans des familles où leur propre père était souvent absent et distant affectivement, les plus jeunes, lorsqu’ils deviennent migrants à leur tour, sont résolus à ne pas être simplement des « pères de mandat » (padres de cheque) : ils valorisent davantage la communication avec leurs enfants ou leurs épouses restées au pays (Mummert, 1999). À Mexico, la fréquence avec lesquelles les enquêtées évoquent leurs regrets ou leurs souffrances d’avoir mal connu leurs parents amène à proposer une analyse similaire : le changement d’attitude des femmes indiennes découle de leur réflexivité sur leur propre expérience d’enfance dans des familles dont les parents étaient en migration.

23Un autre élément, d’ordre économique, peut être avancé. Il est en effet plus facile de se distancier du modèle incarné par la commerçante ambulante, quand le salaire du mari permet de cesser de travailler dans ces conditions. C’est le cas des quelques femmes porteuses d’un discours critique, dont les maris vivent à Mexico: ils sont artisans, chefs d’équipe, une bonne situation par rapport au reste du groupe. Quant aux migrants, ils parviennent en général à envoyer des mandats – autour de 300 dollars en moyenne – qui, bien que modestes, suffisent à faire face aux dépenses quotidiennes. En outre, le projet migratoire même des hommes dit leur aspiration à un autre mode de vie. Dès lors, et même si cette analyse demanderait à être étayée par un travail de terrain plus conséquent, il est probable que le conflit autour de la « bonne mère » et du rejet du commerce ambulant corresponde à une amorce de stratification sociale et économique au sein du groupe otomi, et à un discours de distinction porté par les mieux lotis.

24L’absence des hommes a-t-elle une influence sur la réflexion dans laquelle s’engagent leurs compagnes ? Adelia estime que oui : « Parfois, quand j’y repense, je me dis que j’ai beaucoup appris, j’ai avancé. Si mon époux n’était pas parti, est-ce que je serais restée comme les autres femmes ? Est-ce que j’aurais développé cet autre regard sur le monde ? » (Adelia, 2009). On peut considérer que l’absence des hommes aux États-Unis agit comme un levier de transformations à deux niveaux: le fait d’exercer leur rôle de mère seules accélère la prise de conscience par ces femmes de leur capacité à agir, prendre des décisions, et rompre avec certaines normes. Par ailleurs, en laissant les femmes plus libres de leur temps et en accentuant leur isolement par rapport à leur groupe d’origine, la situation facilite leur ouverture à des espaces de socialisation alternatifs. L’influence de travailleurs sociaux et d’associations comme le Colibri, qui présentent des visions très normatives de la famille, et auxquelles les femmes des migrants sont particulièrement exposées – j’y reviendrai – est ainsi un autre facteur expliquant ces changements de valeur.

La ville ou la possibilité de choisir une « autre famille »

25À travers la notion de « circulation de soin » (care circulation) (Herrera, 2013), la littérature sur la parenté à distance a montré que les solidarités familiales se redéployent, dans les lieux d’origine, pour partager les soins portés aux enfants et compenser l’absence de l’un des parents. Où les épouses des migrants puisent-elles soutien matériel et affectif, et quelles opportunités ouvre le contexte urbain ? La reconfiguration des liens familiaux prend ici deux formes : de nouveaux rapports se génèrent au sein de la famille étendue, d’une part ; de nouvelles formes de famille émergent, d’autre part, brouillant les lignes entre famille biologique et parenté pratique.

26En milieu rural, la norme veut que la femme s’installe dans sa famille par alliance après le départ du mari, même si la pratique de patrilocalité est de plus en plus contestée (Mummert 1999). Une relation souvent conflictuelle s’établit alors entre l’épouse du migrant et sa belle-famille, en particulier sa belle-mère. À Mexico en revanche, chaque ménage vit sous son toit, et les femmes se disent peu entourées par la famille – la leur ou celle de leur époux. La dispersion géographique de leurs parents proches, entre le village d’origine, divers quartiers de Mexico, d’autres villes mexicaines, et les États-Unis, l’explique en partie. Mais les femmes invoquent surtout des différences de vision du monde : « Ma famille, ils sont très ignorants, très fermés. Je leur parle et ils ne me comprennent pas », affirme Sabina (deux enfants, seule depuis deux ans, Mexico, 2006). La famille n’est pas absente pour autant: une sœur qui vit à Mexico garde parfois les enfants, un frère accompagne lors des longs trajets en bus. On observe alors que les femmes jouent de la distance géographique pour sélectionner les membres de la famille qui les aideront, prenant prétexte de la durée des trajets pour limiter les rencontres avec un frère ou une belle-sœur avec qui elles ont moins d’affinités. Quant à la relation entre belle-fille et belle-mère, elle se restreint à des visites ponctuelles. Les conditions d’habitat de la grande ville permettent donc aux femmes non seulement d’éviter le schéma de la patrilocalité, mais aussi de privilégier les relations avec les membres de leur entourage dont elles savent qu’ils partagent leur vision du monde.

27La plupart des femmes trouvent également appui auprès des travailleurs sociaux, en particulier ceux de l’association Colibri, très bien implantée dans le groupe. Le Colibri est un lieu de sociabilité autorisé pour les femmes des migrants : elles peuvent s’y rendre sans trop craindre les commérages. La majorité d’entre elles participent ainsi avec assiduité aux ateliers organisés par l’association et se portent volontaires pour faire quelques heures de ménage. L’association véhicule, en termes de genre, une vision « moderne » de l’égalité des sexes qui alimente les réflexions des femmes indiennes : les postes permanents sont occupés par des femmes ; les locaux sont un lieu de rencontre avec de jeunes stagiaires ou volontaires, issus d’autres milieux sociaux, d’autres pays, qui diffusent des conceptions alternatives des rôles sociaux sexués. Les femmes insistent sur le soutien affectif qu’elles trouvent auprès de l’association : « C’est comme une autre famille. Parce que chaque fois qu’il m’arrive quelque chose, ils me posent des questions. Ils sont attentifs. Pour moi, c’est très important. J’ai bien ma famille ici à Mexico, mais ils pensent différemment » (Adelia, 2009). La comparaison développée par Adelia est significative : les salariés de l’association sont « l’autre famille », la famille choisie, qui incarne la transition entre le monde indien et le monde urbain.

28On note ainsi l’importance du contexte urbain sur la mobilisation des liens familiaux par les femmes: la distance géographique et l’existence d’espace de sociabilité alternatifs, où se nouent des liens forts, leur offre une marge d’autonomie pour activer les liens de parenté dans leur vie quotidienne. Cet usage renvoie aux reconfigurations de la famille observées dans d’autres contextes par des travaux en anthropologie de la parenté. Ces définitions élargies de la famille, qui la considèrent dans sa dimension matérielle et affective de partage de la vie quotidienne et de l’économie domestique, montrent que la famille sociale, reposant sur des liens d’affinité, peut se combiner ou se substituer à la famille biologique et aux liens de parenté (Fine, 2002; Weber, 2005).

29Les efforts des femmes pour reconfigurer la famille, biologique ou sociale, qui les entoure au quotidien, sont révélateurs d’un processus d’autonomisation plus large. La durée de l’absence des hommes est alors déterminante : plus le temps passe et plus la brutalité du premier réajustement des rôles, qui tendait à enfermer les femmes dans leur rôle de mère à la quasi d’exclusion d’autres rôles sociaux, est tempérée par les amitiés qu’elles créent, les nouveaux espaces sociaux qu’elles investissent. Ces échanges les confortent dans le sens qu’elles donnent à leur expérience de mère « en présence ».

Conclusion

30Tandis que les femmes apprennent à être mères en l’absence des pères, l’obligation d’être continuellement présente auprès des enfants, d’abord imposée par le projet migratoire de leur époux, est réinvestie de sens. Le tableau qui apparaît en ville pour ces femmes de migrants du milieu populaire contraste avec les observations faites en milieu rural : loin de se voir intégrées dans la vie politique locale ou sur le marché du travail, les enquêtées se retirent des espaces publics et du travail qu’elles avaient investi, dans un mouvement de repli sur l’espace domestique et sur leur rôle de mère.

31Je propose de qualifier de maternité « en présence » le modèle auquel se rattachent alors les femmes pour exercer leur rôle de mère. Cette « présence » est d’abord d’ordre géographique. Elle renvoie, en creux, à l’absence du père, ou à la maternité « à distance » des femmes qui laissent leurs enfants derrière elle, comme l’ont fait les mères des femmes enquêtées au cours des migrations internes. Une seconde dimension de la « présence » touche à la qualité de l’attention que les femmes portent à leurs enfants après le départ de leur mari, réorganisant leur rythme de vie pour les accompagner sur le plan scolaire et tâcher de compenser sur le plan affectif l’absence du père. Un troisième niveau de « présence » concerne le processus de subjectivation à travers lequel les femmes s’impliquent dans le rôle maternel. Cette réappropriation d’une situation initialement teintée de renoncements (à l’activité professionnelle, à un projet migratoire propre) amène les femmes à s’engager dans le conflit intergénérationnel et, possiblement, socialement stratifié, qui traverse le groupe d’appartenance sur les « bonnes » pratiques de la maternité en ville.

32Quelle est la part des hommes dans ce processus ? Comme le souligne Pierrette Hondagneu-Sotelo, « la migration des hommes permet aux femmes, et même, les oblige, à prendre des décisions et à être autonomes » (Hondagneu-Sotelo, 1994: 65). Dans le groupe étudié, cependant, les épouses des migrants ne sont pas seules à remettre en cause les modèles des générations précédentes: l’absence des hommes agit comme un levier qui favorise la contestation, sans en être l’unique déclencheur. Les transformations des rôles familiaux doivent être saisis dans un contexte plus large où la migration antérieure, l’insertion urbaine, le schéma résidentiel, les relations inter-ethniques, les dynamiques de mobilité sociale jouent un rôle majeur. Il aurait été intéressant, par ailleurs, de savoir si les hommes importaient dans leurs foyers des visions des rôles parentaux influencées par leur expérience aux États-Unis, comme Ruth Trinidad Galvan l’a observé dans le contexte rural (Trinidad Galván, 2010). La méthodologie adoptée ici, centrée sur les femmes, ne permet pas de répondre sur ce point, qui reste une piste à creuser.

33Les dimensions temporelles et spatiales sont déterminantes pour comprendre ces réagencements familiaux. Se réinventer comme mère en l’absence des pères est un processus, souvent douloureux, introspectif, qui se déroule dans le temps et qui implique pour les femmes de réorganiser les réseaux de solidarité sur lesquels elles peuvent compter au quotidien. La dispersion de la parentèle dans la ville, et entre ville et village, produit par ailleurs des configurations distinctes de celles dont rend compte la littérature sur le monde rural. En diminuant le poids de la famille proche, en particulier de la belle-famille, elle accorde aux femmes une latitude plus grande pour s’entourer de personnes qui partagent leur vision du monde, membres de la famille biologique avec qui les femmes ont des affinités ou travailleurs sociaux rencontrés dans un monde associatif auquel le contexte urbain facilite l’accès. C’est alors une notion de famille amplifiée qui se recompose dans le quotidien des femmes.

34En définitive, la migration des hommes transforme bien en profondeur la façon dont leurs compagnes vivent et exercent leur rôle de mère. Ces changements, qui interviennent sur le plan matériel, relationnel, subjectif, ne donnent toutefois pas lieu à des conflits ouverts au sein du couple. Est-ce que parce que l’absence des hommes entraîne des fragilités économiques et affectives qui ne permettent pas aux femmes de se retourner contre leur conjoint ? Toujours est-il que les réinterprétations que font les femmes de leur rôle de mère se dressent contre les modèles de maternité véhiculés par les générations précédentes, modèles minoritaires au sein de la société mexicaine. Au-delà de son caractère intime, la reconfiguration de l’expérience de la maternité par les migrations révèle donc finalement les rapports de force au sein du couple, mais aussi et surtout entre les générations et avec la société majoritaire.

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Notas

1 J’utilise le terme « maternité » faute de l’existence en français de la distinction que permet l’anglais entre « mothering », qui se réfère aux expériences personnelles, individuelles, des femmes répondant aux besoins de leurs enfants ; et « motherhood », qui renvoie au contexte historique et social dans lequel s’ancre cette expérience individuelle (Miller, 2005).

2 Le District Federal (D.F.) compterait 120 000 personnes indiennes sur 8 millions d’habitants selon l’INEGI. (Instituto nacional de estadistica y geografia) (2010), 484 000 selon la Sederec (Secretaria de Desarrollo Rural y Equidad para las Comunidades) (2012). Ces variations s’expliquent par les critères retenus pour identifier statistiquement les populations indiennes : langue parlée par les individus ou au sein du foyer, auto-identification. L’otomi est la troisième langue indienne la plus usitée dans le D.F.

3 Dans le D.F., 14% de la population indienne active gagne moins d’un salaire minimum, contre 7% pour la population générale ; 30% gagne entre un et deux salaires minimum, contre 26% pour la population générale (Sederec, 2012).

4 Le terme espagnol est superarse.

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Referencia electrónica

Anna Perraudin, «Redéfinitions de la maternité et migrations. Le cas des épouses de migrants à Mexico»Amérique Latine Histoire et Mémoire. Les Cahiers ALHIM [En línea], 31 | 2016, Publicado el 09 junio 2016, consultado el 28 marzo 2024. URL: http://journals.openedition.org/alhim/5482; DOI: https://doi.org/10.4000/alhim.5482

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Autor

Anna Perraudin

Université Paris 7-URMIS
Ce travail réalisé dans le cadre du laboratoire d’excellence Labexmed – les sciences humaines et sociales au cœur de l’interdisciplinarité pour la Méditerranée, portant la référence 10-LABX-0090 a bénéficié d’une aide de l’Etat gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du projet Investissements d’Avenir A*MIDEX portant la référence n°ANR-11-IDEX- 0001-02. anna.perraudin@gmail.com

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