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« Au revoir là-haut »

[article]

Année 2019 105 pp. 177-186
Fait partie d'un numéro thématique : Vivants sous terre
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Page 177

Marie-Caroline Meur

«Au revoir là-haut »

Albert est le protagoniste du roman Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre1, qui prête son titre à cet article. Dès les premières pages, enseveli dans une tranchée par une explosion d’obus à la fin de la Première Guerre mondiale, Albert «voit se dérouler, presque au ralenti, une immense vague de terre brune » . La description est poétique, fait penser au célèbre Hokusai, évoque en outre Tintoret. Puis «tout s’arrête » , «la lumière s’éteint » comme dans la chambre d’un enfant apeuré et sans défense, les sons disparaissent – «cessation du bruit » – pour laisser place aux autres sensations, à la «terre qui l’enserre et le recouvre » . Commence ensuite la réflexion pour cerner les circonstances ; le choix des mots y joue un rôle prépondérant. «Je suis sous la terre, se dit-il ; ce n’est toutefois qu’une idée assez abstraite. C’est quand il se dit, je suis enterré vivant, que la chose prend un aspect terriblement concret. » Personne ne devrait pouvoir se dire, comme Albert, «je suis enterré » . La situation («mourir enterré » ) est décrite comme une aporie. Le personnage «devient fou, instantanément, totalement fou » . Puis il tente de sortir de sous terre, «millimètre par millimètre » . La description de Pierre Lemaitre est lente, «laisse passer les secondes » 2, s’appesantit sur les différentes parties du corps qui semble morcelé par l’expérience. Le champ lexical de l’anatomie s’entrecroise avec celui du temps : «progressivement » , «à mesure que » , «il bouge les mains » , «ouvre les yeux » , «combien de temps » , «les vaisseaux qui explosent un à un » , «il avance la main » , «son crâne » , «les épaules » , «ses poumons » , «sa cage thoracique » , «il met du temps à comprendre » , «le visage […] presque bleu » , «les tempes » , «les veines » . Chaque sensation est démultipliée, chaque parcelle du corps se concentre pour chercher l’air et la lumière. L’agonie est, fidèle à son étymologie, combat, lutte. Aucune douceur, aucune passivité : le corps refuse «de se laisser aller » . Au deuxième chapitre, secouru par un autre soldat, Albert, vomissant, côtes cassées, survit à cette expérience dont le récit provoque nausées, vertiges, asphyxie. Je n’ai pas encore vu l’adaptation filmique du roman, dans laquelle Albert Dupontel incarne le personnage homonyme, 177

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